Le Livre de Monelle
de Marcel Schwob

critiqué par Lecassin, le 3 juillet 2014
(Saint Médard en Jalles - 68 ans)


La note:  étoiles
Symbolisme...
« Le Livre de Monelle », publié en 1894 est l’exemple même du petit livre dont on ressort épanoui et groggy en même temps… pensez donc : à peine cent-trente pages hallucinées qui se lisent d’une traite… Cent-trente pages d’une prose aérienne, suggestive, poétique…

Trois parties composent l’ouvrage :
« Paroles de Monelle », une suite d’aphorismes qui peuvent faire penser au « Prophète » de Khalil Gibran, philosophiques, existentiels…
Une deuxième partie, « Les sœurs de Monelle », qui compte onze « nouvelles-contes » qu’on peut sans peine rattacher au symbolisme. Une série de contes où le réel le dispute au merveilleux :
« L’égoïste » : le mousse, la fillette … et les crabes …
« La voluptueuse » : on joue à Barbe Bleue ?
« La perverse » : le meunier, le moulin, le mendiant… et Madge…
« La déçue » : le rêve, la réalité… et la fuite.
« La sauvage » : Buchette et son double en vert…
« La fidèle » : la bouteille à la mer…
« La prédestinée » : le double du miroir…
« La rêveuse » : potier faiseur de rêve…
« L’exaucée » : la princesse et le chat…
« La sensible » : le voyage initiatique de Morgane la rouge.
« La sacrifiée » : en quête de la reine mandosiane…

Enfin, « Monelle » : on retrouve Monelle sous la pluie, vendant des petites lampes de poupée allumées à des enfants qui profitent de leur lumière pour voir leur reflet dans un miroir censé leur montrer le moment où ils commenceront à grandir… et que la moindre goutte éteint. Monelle professe une bien étrange théorie qui prône le jeu aux dépends du travail, à des enfants tout de blanc vêtus, rassemblés autour d’un feu de branchages…

« Le livre de Monelle », un chef-d’œuvre de la prose symboliste, publié en 1894, alors que Zola vient, avec « Le Docteur Pascal » de mettre un terme aux « Rougon-Macquart »… Quelle époque !