La drôle d'évasion
de Séverine Vidal, Marion Puech (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 6 juillet 2014
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Voir Alcatraz et revivre en 1962
De l’ouvrage "Nestor. Maudits mercredis" nous avions dit le plus grand bien, Séverine Vidal est de nouveau dans l’actualité non plus en BD pour la jeunesse mais en matière de roman pour les jeunes pour "La drôle d’évasion". On est toujours dans ces deux titres dans le registre du comique, toutefois avec "Huit saisons et des poussières" notre même auteure nous avait montré qu’en matière de drame psychologique liée à la déportation, elle savait réaliser une histoire avec une grande maîtrise du tact nécessaire pour la faire passer sans traumatisme, mais avec force, auprès des jeunes lecteurs.

"Drôle d’évasion" nous permet de revisiter de façon comique une histoire trop mal connue en Europe, mais fort populaire en Amérique du nord. C’est de la fameuse et unique évasion de la prison d’Alcatraz (sur une île en face de San Francisco) qu’il s’agit. Celle-ci est conduite par le trio composé de Frank Lee Morris, John William Anglin et Clarence Anglin (frère cadet du précédent).

Selon le site internet "Le Blog De L'Etrange" qui prend ses sources sur http://www.alcatrazhistory.com (mais ne signale pas le rôle fort important de l’accordéon dont disposait les trois candidats à l’évasion)

« Pendant deux ans, les frères Anglin découpèrent la grille de ventilation près du sol au fond de la cellule qu'ils partageaient. L'un des seuls instruments qu'ils avaient de disponible pour creuser était par exemple un coupe-ongle. Frank Morris fit de même de son côté, ce qui lui pris 6 mois. À l'aide de Morris et d'un autre complice, ils préparèrent un radeau de fortune confectionné grâce à de la colle volée et 50 imperméables provenant d'autres détenus.

La nuit de l'évasion, pour tromper les gardes, les trois fugitifs placèrent des mannequins rudimentaires avec des têtes confectionnées grâce à divers matériaux : cheveux en provenance du coiffeur qu'ils récupéraient à chacune de leur coupe (cela aurait été suspect si Franck Morris qui était brun avait mis des cheveux blonds pour sa fausse tête), peinture de l'atelier, ainsi que du "papier mâché" qui était du papier toilette mélangé à du savon. Après s'être introduits dans les conduits situés derrière les murs et avoir grimpé le long d'un tuyau de 10 mètres pour atteindre le toit, ils réussirent à contourner la tour de surveillance et à descendre le long d'un autre tuyau de 15 mètres. Après avoir franchi les barbelés et atteint les rives de l'île, les trois hommes déployèrent leur radeau. Ils avaient bricolé une pompe grâce à un accordéon. De forme triangulaire, l'embarcation mesurait environ 2 mètres de large pour 4,5 mètres de long. On ne devait plus jamais les revoir, ni entendre parler d'eux. Ainsi disparurent John et Clarence Anglin, et Franck Morris, le chef du groupe d'évasion ».

En fait au cours des 29 années (1934-1963) que la prison fédérale opéré, 36 hommes (dont deux qui tentèrent de s'échapper deux fois) ont été impliqués dans 14 tentatives d'évasion distinctes. Rien ne dit d'ailleurs que John et Clarence Anglin, et Franck Morris se soient noyés tous les trois.

Alors que sa mère française à San Francisco part visiter la maison bleue chantée par Maxime Le Forestier, Zach (jeune binational) et son américain de père vont découvrir la prison d’Alcatraz. Zach a prévu de rester sur l’île où se trouve la prison et de réaliser le même exploit de la traversée entre l’île et le continent. Si la première partie de son plan réussit, il va avoir la surprise d’être replongé en 1962 et de participer à l’évasion.

L’illustration en noir et blanc de Marion Puech, occupe environ un quart de l’espace et utilise si besoin la double-page ; ceci nous permet de bien comprendre par exemple les moyens mis en œuvre pour quitter une cellule, l’espace de l’île, la physionomie des trois prisonniers ou comment ces derniers ont pu confectionner un canot pneumatique et le gonfler assez rapidement. Certes la position du héros au milieu des trois gangsters est artificielle main dans le cadre d’un récit plein d’humour et de péripéties. Il est à noter que dans cette collection "Pépix" sort au même moment le roman "Super-Louis et l'île aux 40 crânes" où l'essentiel de l'action se déroule également sur une minuscule étendue de terre entourée d'eau (cet ouvrage est présenté ici).