La vie de Cézanne
de Henri Perruchot

critiqué par Nathafi, le 27 juin 2014
(SAINT-SOUPLET - 57 ans)


La note:  étoiles
Le peintre maudit
A partir de diverses correspondances, d'articles dans les revues spécialisées de l'époque, de coupures de presse, Henri Perruchot nous raconte la vie de Paul Cézanne. Biographie non romancée, l'auteur assure pouvoir justifier des faits relatés via les documents dont il s'est servi.

Le petit Paul, fils d'un riche banquier, coule des jours heureux à Aix-en-Provence. Il a une vie toute tracée, l'empire sur lequel son père règne lui garantit une succession aisée. Mais Paul n'est pas attiré par cette carrière, rêvasse, tient de sa mère, beaucoup plus bohème. Bien qu'il ne veuille pas décevoir son géniteur, il s'intéresse au dessin, à la peinture, à la couleur...

Avec ses copains d'école, dont Emile Zola, il découvre et apprécie la poésie, sort des sentiers battus, découvre mille et une choses qui le dévient sensiblement du chemin tout tracé de "fils de...".

Ce livre nous fait découvrir le parcours chaotique de ce peintre, considéré comme le chef de file des impressionnistes, qui pourtant fût décrié, rejeté, ignoré durant presque toute sa vie. Malgré les échecs cuisants, la non-reconnaissance de son talent, les articles violemment rédigés quand il osait exposer ne serait-ce qu'une oeuvre, il a continué dans cette voie. Aucun obstacle n'a eu raison de son obsession, la recherche perpétuelle de la couleur, de la petite touche qui achèverait son tableau. Certes, des moments de découragement, il en a eu ! Au point d'arracher ses toiles, de les piétiner, les abandonner, de reconnaître que tous ses efforts étaient vains et qu'il n'était qu'un peintre raté. Et pourtant, bientôt, la palette de couleurs l'appelait, le chevalet l'attirait, et il se remettait au travail.

Ses quelques admirateurs ont eu fort à faire aussi. Zola, à ses débuts, le soutenait, plus en tant qu'ami que convaincu de son art, auquel il n'entendait pas grand chose. A mesure que sa propre notoriété se faisait jour, il a laissé de côté son ami, sans toutefois l'abandonner, lui tendant la main et l'aidant matériellement quand le besoin se faisait ressentir. Pourtant, "L'oeuvre", l'histoire de ce peintre tellement inspiré de son grand ami, aura raison de leur amitié.

Manet, Renoir, et tant d'autres pourtant, cette nouvelle génération de peintres s'inspirait des travaux de Cézanne, regrettaient le traitement que lui infligeaient le public, les critiques d'art, les directeurs de Musées.

Ce livre est une mine d'or, pour qui s'intéresse à la peinture et à cette période en particulier. C'était une société difficile que celle des artistes, obligés de se plier à un certain conformisme pour être reconnus.

Quant aux rebelles, comme Cézanne, ils ont souffert de cette indifférence, voire de la haine qu'ils provoquaient.

Cézanne s'est éteint dans sa région natale, au milieu de cette nature qu'il chérissait et des couleurs qui le charmaient. Il a eu son heure de gloire, beaucoup trop tard, hélas.