Les Variations Burroughs
de Sylvie Nicolas

critiqué par Libris québécis, le 18 juin 2014
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Une auteure en herbe
Au Québec, les vents soufflent rarement de l’est occupé par la péninsule gaspésienne. Comme les racines de l’héroïne trempent dans les eaux de la région, elle ne peut tourner dos à ses origines sans courir à sa perte. La fibre filiale est heureusement très solide et très englobante. Elle traîne ainsi sur ses épaules le fardeau de toute une famille qu’elle tente de comprendre.

Ceux qui aiment les œuvres découvrant le pourquoi de ce que les êtres sont seront servis à souhait par ce roman apparenté à la nouvelle. Chaque chapitre semble indépendant, mais tous forment un grand tout révélant une personnalité attentive aux siens et désireuse d’écrire. En fait, c’est une écrivaine en herbe qui indique le râtelier auquel se nourrira son œuvre. Une œuvre suscitée par celle de William S. Burroughs, dont elle a découvert les romans dans une boîte de « vieilleries » que lui a donnée son frère.

Les Variations Burroughs est une œuvre inspirée de cet auteur de la Beat Génération. Comme lui, Sylvie Nicolas s’adonne aux cut-up, un découpage de l’existence pour en ressortir l’implicite et l’inavoué tels que l’amour de sa mère qui se cacherait peut-être entre les lignes des livres qu’elle dévore. Dans ce contexte, elle voyage de l’enfance à une vie adulte brisée par la rupture afin de déterminer son rapport au monde.

Il faut aimer l’introspection pour apprécier ce roman à sa juste valeur. L’auteure excelle dans le genre qu’elle illumine par une plume poétique qui trace de beaux tableaux que l’on pourrait apparenter aux toiles des peintres abstraits.