La maison atlantique
de Philippe Besson

critiqué par Pacmann, le 17 juin 2014
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Tragédie grecque au bord de la mer
Dans son style caractéristique, Philippe Besson relate un classique trio du mari, de l’amant et de la femme adultère. Un jeune homme, fils de l’amant, raconte au passé le drame qu’il a vécu par son père qu’il rend d’abord responsable du suicide de sa mère. Les prénoms de ces deux personnages principaux sont volontairement tus sans doute pour entretenir un effet de malaise chez le lecteur.

L'été de ses dix-huit ans, le fils se retrouve avec ce père égoïste et narcissique dans une seconde résidence familiale au bord de la mer. Le but était une improbable réconciliation, cela aboutira à une haine décuplée.

La cause, l’apparition de Cécile, une jeune femme mariée, à la beauté solaire, affublée d'un mari naïf et plein de confiance. Le père tel un prédateur assoiffé par la volonté de séduire parvient à attirer la belle et en faire une obsession.

Dans septante chapitres de trois pages maximum, ce roman décrit les relations tendues dans un récit qui, tant par son style que sa trame, fait immanquablement penser à l’œuvre de jeunesse de Françoise Sagan, Bonjour Tristesse.
Les inconditionnels de Philippe Besson apprécieront ce roman efficace et les autres y trouveront les critiques habituelles qu’on peut faire à l’auteur.
Un enfermement psychologique 6 étoiles

Une approche sensible des moments très difficiles voire douloureux traversés dans l'adolescence et leur incidence sur la vie adulte.
Le garçon, personnage principal du roman, est un être tourmenté qui n'a pas réussi à surmonter la perte de sa mère par suicide, ceci s'ajoutant aux peines rencontrées pendant son enfance.
L'auteur sait faire évoluer crescendo la détermination et les sentiments du garçon. Une atmosphère lourde se développe petit à petit, l'issue est pressentie mais peut-être pas de la façon dont elle se présentera.
Ce jeune homme complexe est parfois à la limite de la crédibilité; plutôt que de s'épanouir, il semble s'enfermer dans sa douleur, se replier sur lui-même. Chaque personnage est bien dessiné, a sa personnalité. Le récit tourne un peu en rond à certains moments mais l'ensemble reste intéressant.
L'écriture dépouillée, des chapitres très courts concourent à rendre la lecture aisée.


Le désordre des souvenirs entassés m'a décontenancé. Je croyais que le passé était mieux rangé que ça.

Voici la chose la plus difficile : apprendre à vivre avec ses disparus. Les ranger dans une boîte afin qu'ils deviennent des souvenirs.

A la première minute, je me suis soumis à elle. Je ne désirais rien, elle désirait pour nous deux.

L'acte.../... je l'ai tenu entre les mains au moment où il a fallu régler la succession, lorsque j'ai cessé d'être un fils pour devenir un héritier

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 22 février 2022


J’avais dix-huit ans… 6 étoiles

...et je me croyais tout permis.

Il vient d’avoir son bac, il a 18 ans, et son père lui impose 4 semaines dans la maison atlantique, maison de bord de mer qui appartenait à sa mère. Sa mère qui s’est suicidée après son divorce dans cette maison deux ans auparavant.
Cet homme, son père, il lui voue une haine tenace. Sa suffisance, son machisme, il ne supporte pas.
Ses souvenirs remontent, les signes qu’il n’a pas vus ou pas voulu voir de la souffrance de sa mère, les trahisons de son père.
Son père, avocat d’affaire, suspendu au téléphone pour ses affaires, lui avec sa nouvelle petite amie Agathe, la cohabitation aurait pu se dérouler sans heurts, sans violence.
Jusqu’à l’arrivée dans la villa voisine louée pour trois semaines, d’un gentil et jeune couple de trentenaires. Cécile, professeur de français et Raphaël, architecte. Tout de suite, quelque chose est en train de se produire.
Le fils sera d’abord spectateur, "Il y a de la volupté dans l’abdication", puis acteur par procuration, jusqu’au drame final.

Pas évident de partager les états d’âme d’une jeune homme de 18 ans, l’ambiguïté de ses sentiments, entre indifférence feinte et envie de reconnaissance.
Emprunté pour le titre, en période de confinement, s’évader au bord de la mer, me semblait une bonne idée. Le cadre estival n’est qu’un décor au drame à venir, mettant en exergue la tension entre les protagonistes, la douleur et la solitude encore plus visible du jeune au milieu de ces familles de vacanciers.
Un roman qui se lit très vite et qui, encore une fois m’a donné une impression de déjà-lu.

Marvic - Normandie - 65 ans - 12 décembre 2020


Dures réminiscences d’adolescence ... 8 étoiles

Dans ce très court roman, le héros raconte son enfance et sa solitude face à la perte prématurée de sa mère. Parvenu à l’adolescence, il découvre chez son père une attitude de séducteur inassouvi et lui reproche alors, consciemment ou non, la disparition de sa maman.

Parviendra-t-il à faire enfin la paix avec son géniteur ou bien les événements tourneront-ils au drame irréversible ?

Bien que l’action ait été menée tambour battant, l’analyse des personnages en présence est demeurée fine. L’on se trouve dès lors en présence d’un ouvrage complet et qui a en outre la compacité d’une nouvelle, tant les longueurs et digressions nous ont été épargnées !

Ori - Kraainem - 88 ans - 5 juin 2015


Vacances tragiques 8 étoiles

Une maison de vacances sur la façade atlantique. Davantage, car elle a une histoire cette maison ; le lieu où en trois semaines tout se joue.
Le narrateur est un jeune écorché vif. Il a 18 ans, il hait son père et se retrouve en vacances pour trois semaines à la maison familiale de sa mère sur la côte atlantique. Sa mère est décédée il y a deux ans. Sa mère, victime elle aussi de la tyrannie de son père. Celui-ci étouffe quiconque l’approche ; il domine, organise, manipule. Son fils vit quand même quelques instants de bonheur auprès d’Agathe, sa petite amie de vacances. Il côtoie des voisins sympathiques, Cécile et Raphaël. Mais ces voisins sont à l’origine du drame qui couve tout au long du roman. L’origine du drame ? le comportement libertin de son père et aussi les maladresses de ce fils qui vit mal ses vacances forcées.
De courts chapitres forment l’ossature du roman ; cela en rend la lecture des plus agréables autant qu’haletante. Les caractères des personnages sont bien typés sans aller jusqu’à la caricature. Il y a toujours une certaine retenue qui permet de ne pas choquer le lecteur.
L'engagement de l'auteur pour le mariage et l’adoption d’enfants par des couples homosexuels explique probablement la brève allusion homosexuelle dans le présent roman.

Ddh - Mouscron - 82 ans - 28 novembre 2014