Dans le silence du vent de Louise Erdrich

Dans le silence du vent de Louise Erdrich
(The Round House)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Killing79, le 9 juin 2014 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 44 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 827ème position).
Visites : 4 536 

Injustice et impuissance

Après le viol brutal de sa mère, Joe, 13 ans, va voir sa vie bouleversée. Il n’aura dès lors pas d'autre choix que de mener sa propre enquête pour espérer pouvoir la venger. Son innocence va dorénavant être fortement impactée.

Joe se trouve confronté, avec toute la naïveté de sa jeunesse, à la cruelle réalité des adultes et plus particulièrement de son peuple. A travers son parcours initiatique, il nous ouvre les yeux sur les conditions encore difficiles des indiens aux États-unis. Il découvre aussi la violence et les effets collatéraux d’un viol, crime qui reste quasiment impuni pour cette population. D’ailleurs celle-ci préfère garder le silence plutôt que de s’exposer à une justice qui ne lui est que rarement favorable.
Louise Erdrich utilise une très belle écriture pour nous délivrer les sentiments les plus intimes de ses personnages. Elle nous fait participer à la solidarité de ces familles unies, laissées à leur triste sort dans les réserves amérindiennes. Avec l’aide de quelques scènes cocasses, elle apporte tout de même un peu de fraîcheur au milieu de ce drame humain, mélange de douleur et d’impuissance.
« Dans le silence du vent » fait partie des grands romans sur l’existence que l’on reconnaît par les blessures qu’il laisse dans notre esprit après la fermeture du livre.

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Polar en terre Amérindienne

10 étoiles

Critique de Krysaline (Paris, Inscrite le 26 septembre 2017, 58 ans) - 5 février 2020

Sur les chaleureux conseils d’une amie qui m’a prêté « Le silence du vent » je suis partie à la découverte de l’univers de Louise Erdrich. Résultat : J’ai dévoré le bouquin en à peine trois jours (ça peut paraitre beaucoup pour certains, mais je ne lis que dans les transports en communs, le matin et le soir, soit un peu moins de 45 mn par jour, plus quelques lignes le soir avant de dormir…).

Ce roman m’a permis d’entrer dans le quotidien des Amérindiens et de leur sort pas très enviable sur leurs propres terres conquises par les émigrés venus du « vieux continent » (entre autres), qui ne se sont pas privé de les spolier honteusement pour finir par les « parquer » dans des réserves avec des lois particulières qui ne leurs accordent bien évidemment pas les mêmes droits qu'aux Américains.

Ce livre nous parle d’enfance, d’adolescence mise à mal par la survenue d’un évènement tragique au sein d’une famille Ojibwé. On va assister au lent délitement de ladite famille, entre la mère victime d’un viol qui va se murer dans un silence assourdissant en faisant l’impasse sur l’identité de son agresseur, le père qui se raccroche à l’idée d’une certaine justice et qui va tenter de colmater les brèches familiales en se concentrant sur de menus travaux, créant un rythme casanier et répétitif pour ne pas sombrer (les repas, le jardinage que Géraldine adorait).

Et enfin, le fils, qui face à l’impuissance de son père dans la recherche de la vérité et devant une justice qui cafouille, hésitant entre juridiction tribale ou étatique. L’autorité compétente est censée être celle du lieu où s’est déroulée l’agression. Et le fils, qui va se sentir investi du rôle d’enquêteur (rappelons qu’il n’a que 13 ans) pour à la fois démasquer le coupable et faire justice lui-même…

Est-ce donc un roman policier ? Ou une fiction particulièrement bien argumentée sur la vie des Indiens Ojibwés dans le Dakota du Nord aux Etats-Unis ? Les deux mais le côté « témoignage » prend un peu le pas sur le côté « policier ».

Pour ce qui est de l’histoire des Indiens, l’auteure sait de quoi elle parle, puisqu’elle est elle-même une « native » élevée dans une réserve et membre du « mouvement de renaissance Amérindienne ».

« J’écris pour que les indiens survivent » nous dit Louise Erdrich. On comprend tout à fait cela dans cet écrit.

Une histoire (et aussi avec un grand « H ») plombée et sombre, mais non dénuée d’humour. Le grand-père Mooshum m’a bien fait sourire. Son nom m’a fait penser à « Mushroom » en anglais, (ce qui veut dire champignon) allez savoir pourquoi !! Peut-être parce qu’il parle en dormant et invoque les esprits… et fume le calumet !

Ce roman m’a emballée. Je ne l’ai pas trouvé trop long, j’ai été emportée par les détails sur la vie des indiens d’Amérique. Leurs coutumes, leurs traditions, l’initiation des jeunes, le passage à l’âge adulte, le douloureux apprentissage de la vie avec son cortège de désillusions face à une justice à deux vitesses.
L’écriture coule toute seule. Pas de passage alambiqué, tout est clair et limpide. Le suspense est présent jusqu’au bout même s’il n’est pas prégnant. J’ai adoré ce mélange des genres (polars/fiction/non-fiction).

C’était mon premier Erdrich… ça ne sera pas le dernier !

Merci donc à ma chère Lydie pour cette magnifique recommandation !

Une de mes lectures préférées de l’année…

10 étoiles

Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 81 ans) - 14 septembre 2014

Ce livre contient tout ce que j'aime retrouver dans un roman. Une histoire passionnante habilement racontée, des personnages attachants, un milieu et un contexte que je connais peu, des thèmes qui me tiennent à coeur et une touche d’humour intelligent.
Dans ce cas-ci, l’auteur utilise un style d’écriture policier dans le but d’enquêter et de familiariser le lecteur à une foule de personnages.
Bref, Louise Erdrich est un auteur de grand talent qui, dès les première lignes, vous entraîne dans son univers et auquel nous nous soumettons sans retenue.

" Ainsi la loi est impuissante, Et la justice jamais ne prévaut. Car le vil cerne le juste; Ainsi le jugement corrompu persiste." -- Habakkuk 1:4 (NKJV)

Tandis que beaucoup d’entre nous aimons penser à la loi comme un système presque parfait pour administrer la justice, il peut plutôt ressembler au fromage suisse en terme de combien de malfaiteurs peuvent assez aisément se tortiller par les trous. Dans “The Round House”, que j’ai lu en version originale américaine, Mme Erdrich combine sans fausse note la puissance intellectuelle d'un examen légal hypothétique avec la douleur terrible expérimentée lorsque physiquement violé et paralysé par la peur, aussi bien qu’un parcours initiatique mémorable!
Personnellement, je crois que la description faite de la construction de la souveraineté légale des Premières Nations d’Amérique vaut à elle seule, le prix du livre!

De quoi en est-il au juste? Très bien décrit dans la critique principale, il s’agit d’un crime brutal et peu de progrès sont obtenus dans la solution de celui-ci.
Pourtant la famille affectée est littéralement sur les genoux, brisée totalement. Chacun à leur façon, le père et le fils, cherchent justice. Le contraste qu’ils opposent dans leurs approches…, je n’en dévoilerai pas plus, croyez-moi, la lecture de ce roman en vaut la peine!

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