Petits arrangements avec nos coeurs
de Camille de Peretti

critiqué par AmauryWatremez, le 7 juin 2014
(Evreux - 54 ans)


La note:  étoiles
L'amour chez les bourgeois en 2014
Dans les années 70, et une bonne partie des années 80, l'amour bourgeois, toujours endogame, pas de « mésalliance », sauf une fois de temps un amant ou une maîtresse « issu de la diversité » pour se donner à la fois bonne conscience et goûter à la cuisine exotique en somme ; ça donne des frissons, c'est épicé mais on ne le ferait pas tout le temps, se passait dans des parkings de grands ensembles modernes et aseptisés sur la banquette arrière d'un « Range Rover » (TM°) ou un canapé « Roche Bobois » (TM°) en cuir « jaune ».



Les personnages passaient une bonne heure et demie au cinéma à nous entretenir de leurs tourments amoureux d'une grande banalité et finalement assez peu intéressants. Certes, les actrices de ces années là étaient belles et avaient une classe innée qui faisaient parfois passer la pilule ou engendraient chez les petits garçons rêveurs leurs premières émotions esthétiques z-et sensuelles. Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, je ne suggère pas que ces petits garçons pratiquaient alors l'onanisme devant leur téléviseur ou écran de cinéma. Nulle raillerie, on évoque bien les « choses de la vie »...



Le roman, passionnant je t'assure ami lecteur, raconte l'histoire de Camille partie rejoindre Stanislas, son premier amour, lui est « trader » à Londres et elle est écrivain, à savoir que de temps en temps elle chausse des lunettes et raconte sa vie sur son ordinateur. Stanislas est blond, mince et je suppose « mècheux » et s'il est homme d'affaires n'en souffre pas moins de tourments dignes du jeune Werther, selon l'auteure du livre bien sûr, il est anorexique par exemple. Ils sortent beaucoup en boîte et dans les endroits « branchés » car si l'on est bourgeois et aisés l'on n'en est pas moins des gens teeellement ouverts et libérés (se libérer en milieu bourgeois consiste surtout à coucher à droite à gauche mais toujours endogamique-ment).



Mais c'est pas autobiographique nous dit Camille de Peretti qui avoue quand même « partir du réel » (sans blagues ?) tout en affirmant que écrire sur la banalité c'est refuser de mépriser les « vraigens », fussent-ils des « adulescents » « têtes à claques » ayant la même conception de l'amour qu'une gamine de douze ans à peine post-pubère, retombant dans le travers contemporain consistant à être en quête d'une pseudo-authenticité digne d'une pub pour jambon sous vide, s'abstenant néanmoins de tenter de sortir des normes.



Et puis finalement ils s'aperçoivent qu'ils s'ennuient et n'ont pas grand-chose à se dire. Ils décident alors de travers les États Unis en voiture de part en part, un état par jour (du tourisme au pas de course comme les beaufs que ces deux « bobos » méprisent), espérant se rabibocher tout en sachant très bien qu'à la fin ils ne seront plus ensemble (tragique n'est-il pas ?).