Le casque d'Opapi
de Géraldine Elschner, Fred Sochard (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 15 juin 2014
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Ça casque oh papi !
Géraldine Elscher livre là un texte qui permet aux jeunes lecteurs de réaliser que ce sont les grands-pères de leurs propres grands-parents qui ont généralement fait la Grande Guerre. Avec les mariages entre des originaires de nationalités différentes, ceux de nous leurs ancêtres, qui étaient sur le front, pouvaient l’être dans des camps opposés. C’est le cas ici avec un soldat français et un soldat allemand et cela pourrait se retrouver avec d’autres configurations, comme anglais et hongrois.

L’action se déroule au présent de nos jours dans un village qui pourrait être lorrain. La découverte dans un champ d’un casque de la Grande Guerre par un enfant sert de point véritable de démarrage à l’action. Un tiers de l’ouvrage est constitué de doubles-pages qui évoquent la Grande Guerre. C’est tout d’abord la mobilisation, toutefois il est fort douteux que ce soit en uniforme bleu horizon que les appelés quittèrent leur village. Les tanks arrivent un peu tôt chronologiquement et en plus du côté allemand. D’autres dimensions un peu surréalistes ne sont pas obligatoirement adroitement présentées et on aurait mieux fait de mettre les Allemands dans une autre tranchée sur une autre double-page plutôt que de les placer avec leur mitrailleuse à la limite du no man's land en position de se faire dégommer par des Français bien à l'abri dans leur tranchée.

L’intérêt iconographique vient des deux double-pages où , dans le style d’un célèbre tableau cubiste "La partie de cartes" de Fernand Léger, on voit des soldats tout d’abord dans un abri de tranchées puis ensuite dans la tranchée. Suit un paysage devenu quelque peu lunaire à cause des cratères creusés par les obus avec la présence des coquelicots. Le tableau du peintre Fernand Léger "La partie de cartes" est ensuite reproduit lui aussi sur une double-page.

Des explications autour de la Première Guerre mondiale, des artistes la représentant et les coquelicots sont fournies. On aurait gagné à ne pas laisser croire que ces dernières fleurs étaient présentes avec la même densité sur tout le front. Les terrains crayeux de la Flandre devinrent riches en poussière de chaux suite aux multiples bombardements, cela permit la venue des coquelicots. La guerre terminée, les coquelicots redevinrent quasiment absents des champs flamands et n’avaient jamais été très présents dans d’autres parties du front.

Voilà un album qui permettra de s’interroger sur la façon dont les peintres ont représenté de manière originale la Grande Guerre. On comparera le tableau "La partie de cartes" de Fernand Léger avec ceux faussement réalistes dignes descendants de la peinture d’histoire.