Les perruches sont cuites
de Charles Bolduc

critiqué par Libris québécis, le 3 juin 2014
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Une jeunesse emportée par un vacuum
Le jeune auteur s'est servi de son quotidien d'urbain pour constituer le matériel de cette œuvre fourre-tout, composée d'anecdotes et de réflexions. Ainsi nous apprenons que les employés de la ville ramassent les vélos délaissés après l'hiver et que nous pouvons attendre une journée à l'urgence des hôpitaux avant de recevoir les soins ad hoc. C'est pour le moins superfétatoire d'autant plus que ces faits sont rapportés sans mises en perspective. Ce manque de pertinence s'ajoute à l'hébétude existentielle du héros, qui éteint toute empathie que nous pourrions éprouver à son égard. Sa vie tourne autour de la fréquentation des bars qui lui servent de terrains de chasse. S'il n'est pas trop soûl, il rapporte parfois un trophée de ses soirées oiseuses, mais il le perd le matin venu. Femmes et bière meublent son vacuum sans qu'il soit pour autant un déjanté.

Il cherche à se construire une vie structurée autour de l'âme sœur. Sa quête l'angoisse comme ses pairs à l'orée de la maturité. Les expériences qu'il emmagasine l'amènent à s'interroger. Les réponses auxquelles il arrive lui font conclure que " la femme cherche une place dans le cœur de l'homme et que l'homme cherche une âme dans le cœur de la femme ". Il reconnaît comme saint Thomas d'Aquin dans La Somme théologique que la femme a une âme même si elle n'est pas assurée d'une place dans la société. Cette pauvreté discursive est masquée par un titre accrocheur, qui indique peut-être que le héros a atteint le fond du baril pour manger ses perruches un midi avant de s'acheter un 26 onces de whisky qu'il va boire avec des paumés regroupés sur le parvis d'une église.

J’ai bien compris que l’auteur voulait montrer que les jeunes sont entraînés par un vacuum, mais l'écriture ne parvient pas à relever son esquisse malgré les élans poétiques devant lui fournir un bel encadrement. Sur Internet, les commentaires que j’ai lus étaient tous élogieux.