À la grâce des hommes
de Hannah Kent

critiqué par BMR & MAM, le 3 juin 2014
(Paris - 64 ans)


La note:  étoiles
Landscape is destiny
Une Australienne qui raconte une histoire (vraie) en Islande ?
Il n'en fallait pas plus pour piquer notre curiosité car, tout de même il est difficile d'imaginer plus grand écart !
Quel lien entre ces deux îles aux antipodes l'une de l'autre ? Une petite et une gigantesque, l'une asséchée par le sable et l'autre gorgée d'eau, la chaleur ou la glace, ... ? Une où l'on sait que certains ont trouvé de quoi vivre et surfer à la cool au soleil et l'autre que l'on sait battue par les vents et les eaux et où Indridason nous a appris qu'il y fait très sombre ?
Mais Hannah Kent, jeune australienne d'Adelaide, rêvait de voir la neige et la longue nuit d'hiver : elle a été servie et est revenue de son séjour islandais la tête pleine d'images et de ces histoires que l'on se raconte au coin du feu.
À 27 ans, elle publie son premier roman À la grâce des hommes (Burial rites en VO) qui (chapeau !) est bien parti pour un grand succès.
Car Hannah Kent a trouvé ce qui relie les antipodes : ces deux îles, âpres et désertiques, sont toutes deux façonnées par des paysages grandioses à couper le souffle (et ce n'est pas qu'une figure de style). Des paysages qui, à leur tour, façonnent les destins, de la naissance à la mort.

'Landscape is destiny. The environment you grow up in has to have some kind of effect on how you perceive the world.' [Ron Rash]

C'est une phrase de Ron Rash (le parrainage n'est pas usurpé) que se plait à citer Hannah Kent et qui pourrait servir d'exergue à ce roman.
Au début du XIX° siècle (1829), un double meurtre ensanglante le nord de l'île : deux fermiers sont retrouvés sauvagement assassinés et carbonisés dans l'incendie de leur ferme de tourbe. Fridrik, Sigga et Agnes, un fils et deux filles de ferme sont arrêtés, jugés et condamnés à la décapitation.
Agnes Magnúsdóttir est l'une de ces deux filles. En attendant son exécution et faute de prison, elle est placée et accueillie de mauvaise grâce dans une ferme. C'est son histoire que nous raconte Hannah Kent.
Islande - 1829 : autant dire le moyen-âge ! et d'entrée, elle plante le décor.
Dans cette ferme, sous les regards réprobateurs de la famille contrainte de l'accueillir, Agnes attend sa dernière heure.
Pendant ces quelques jours qui la séparent de son exécution, Agnes va se confier au jeune pasteur Tóti .
D'où vient-elle ? Qu'a-t-elle vécu et subi avant de commettre l'irréparable ? Que s'est-il passé ? Qui était Natan, l'une des deux victimes, celui qu'on n'a pas osé appeler Satan et qui semble avoir été l'amant d'Agnes ? Est-elle seulement coupable ? Et les autres ?
En dépit des conditions misérables dans lesquelles (sur)vivent ces paysans d'un autre âge, Hannah Kent évite toute complaisance sordide et prend soin de faire parler ses personnages comme on a envie de les écouter aujourd'hui. On la remercie de ne pas avoir cédé à la facilité et si cette histoire repose effectivement sur une trame véridique et historique (soigneusement documentée et rendue), on se plait à lire un roman très contemporain.
Âpre et sévère comme les paysages islandais mais très actuel.
L'écriture d'Hannah Kent questionne notre intelligence et notre curiosité : on a du plaisir à découvrir les conditions de vie de cette époque, en ces lieux perdus bien loin de la couronne danoise, et on a du plaisir à dévorer ce presque polar, qui pourra prendre une place de choix au rayon des 'confessions de l'assassin'.
C'est aussi un très beau portrait de femme (de femmes pourrait-on dire, car il y en a plusieurs autour d'Agnes) tandis que les hommes semblent avoir perdu beaucoup de leur humanité. La faute aux paysages sans aucun doute.
Agnes Magnúsdóttir était manifestement trop vive et trop intelligente pour son époque et ses contemporains.
On est à deux doigts du coup de cœur pour ce roman découvert grâce à Babelio et aux Presses de la Cité.
Ce qui nous retiendra est peut-être l'absence d'un petit plus, d'un petit grain de folie (et pourtant il y en a déjà de la folie à vivre dans des endroits pareils à des époques pareilles !) et une seconde partie du récit (une fois la découverte passée) peut-être un petit trop académique, mais on pinaille pour faire sérieux.
Poignant 8 étoiles

Bonjour les lecteurs ...
Cette histoire se base sur des faits réels.
Nous suivons l'histoire dAgnès Magnúsdóttir, jeune fille de ferme au nord de l'Islande, condamnée à mort pour le meurtre de deux fermiers en 1828, et exécutée par décapitation en janvier 1830.
En attendant l'exécution de la sentence, elle va être placée dans une ferme.
La cohabitation avec le fermier et sa famille s'avère bien compliquée , ceux-ci évitent autant que possible tout contact avec la prisonnière.
Son seul confident est un jeune pasteur qui cherche à la comprendre.
Petit à petit cependant, les relations s'améliorent entre la jeune femme et la maitresse de maison...
Petit à petit Agnès raconte SA vérité
Pour un premier roman, Hannah Kent s'en sort très bien.
Elle a fourni un grand travail de recherche sur la façon de vivre des fermiers islandais du début du XIX° siècle.
J'ai été happée par cette histoire au rythme lent correspondant bien aux paysages enneigés du nord de l'Islande, au climat rude.
Les paysages sont gris, la vie est rude les personnages ont des profils psychologiques bien particulier.
Agnès fut la dernière condamnée à mort d'Islande.

Faby de Caparica - - 62 ans - 6 juin 2018


Pas de grâce chez ces hommes là … 9 étoiles

Etrange conjonction que ce (premier) roman, écrit par une Australienne et racontant une histoire abominable – mais basée sur un fait réel – se déroulant en Islande au XIX ème siècle. Australie/Islande. Comment … ?
Peu importe. Le roman est là et c’est un bonheur de lecture. On a juste l’impression d’évoluer en permanence dans une semi – obscurité mais … c’est l’Islande et c’est le XIXème siècle.
Et manifestement les années 1828 à 1830 en Islande n’étaient pas des années « lumières ». Plutôt des années durant lesquelles la vie des humains différait peu de celles des animaux. Travailler dur pour survivre, hors toute consolation ou intérêt. Juste travailler et remettre son âme et son sort entre les mains de Dieu. On a connu ça ailleurs en d’autres temps. On doit toujours connaître ça de ci de là de par le monde, hélas.
Agnes Magnusdottir, servante et partant, quantité négligeable, est condamnée à avoir le cou tranché, en compagnie de ses deux complices ; Fridrik Sigurdsson et Sigridur Gudmundsdottir, une autre servante. Ils sont tous trois accusés d’avoir tué puis tenté de brûler deux hommes : Natan Ketilsso, employeur et amant d’Agnes, homme à la réputation plus que sulfureuse, et Petur Jonsson.
Agnes, comme ses deux comparses, devra être décapitée, mais l’affaire doit redescendre jusqu’au Danemark pour l’aval officiel et en attendant il faut bien les loger. On les sépare et Agnes est mise en résidence surveillée chez le policier du canton, Jon Jonsson, au grand déplaisir de lui-même et de sa famille ; Margret sa femme et Steina et Lauga, leurs deux filles.
Le roman va essentiellement constituer en la relation de cette cohabitation, des découvertes réciproques, et de révélations plus ou moins poussées sur ce qui s’est réellement passé. Confidences entre les femmes, confidences également avec Toti, le révérend désigné pour préparer l’âme d’Agnes à rencontrer son Créateur …
Rien bien sûr n’est ni tout noir ni tout blanc (d’ailleurs c’est plutôt le royaume du clair-obscur pas vraiment clair !). Les conditions de vie à cette époque en Islande décrites par Hannah Kent sont tout bonnement abominables, en particulier pour une femme de condition modeste telle l’était Agnes Magnusdottir. Elle sera au bilan la dernière personne exécutée en Islande. Poignant.

« La criminelle Agnes Magnusdottir, qui avait été placée sous bonne garde à plusieurs mètres de distance, dans un endroit d’où elle ne pouvait voir le billot d’exécution, fut alors amenée. Après que le sous-révérend Thorvardur Jonsson l’eut dûment préparé à la mort, le bourreau lui a tranché la tête avec la même adresse qu’auparavant. »

Tistou - - 67 ans - 30 juillet 2017


Condamnée...pour ce qu'elle était ? 8 étoiles

Tel est du moins le parti pris de l'auteure. Exhumant un fait divers réel, Hannah Kent nous livre le portrait sensible et émouvant d'une Agnès réhabilitée non moins crédible que celui de la criminelle décrite dans les archives de la "justice" froide et implacable qui l'aura condamnée sans vouloir l'entendre. Dans cette société là, régie de main de fer par les autorités, on ne saurait pardonner à l'individu, encore moins à une femme, la capacité ou la volonté de s'élever au-dessus de sa pauvre et triste condition: " Femme qui pense n'est jamais tout à fait innocente". Mais entre la version officielle et la version distillée tout au long du roman, la vérité demeurera à jamais inaccessible, d'où pour ma part un certain sentiment de frustration. Quoi qu'il en soit, l'ouvrage constitue un réquisitoire de plus contre la peine de mort qui demeure hélas non abolie dans certains pays dits civilisés.
Au-delà, et c'est peut-être l'aspect qui m'aura le plus intéressée, Hannah Kent nous offre une restitution de l'Islande rurale du début du XIX ème d'autant plus remarquable qu'elle-même est australienne. Elle parvient en effet à nous immerger totalement dans l'univers âpre et les conditions de vie particulièrement drastiques de ces hommes et de ces femmes en proie à une nature hostile.
Quant à l'écriture, peut-être un peu conventionnelle, on en retiendra néanmoins de beaux passages, notamment lorsque la voix d'Agnès se libère dans la confession intime de son ressenti.
Extrait:
"Nos souvenirs sont aussi mouvants qu'un tas de neige poudreuse en plein vent. Aussi trompeurs qu'une assemblée de fantômes s'interrompant les uns les autres. Seule demeure en moi la certitude que ma réalité n'est pas celle d'autrui(...) Comme la fine pellicule de glace sur l'eau d'un étang, la vérité est trop fragile pour mériter notre confiance."

Un beau moment de lecture empreint de gravité, prenant.
Une jeune auteure d'un premier roman abouti qui mérite notre attention pour la suite.

Myrco - village de l'Orne - 74 ans - 27 juillet 2017


derniers jours d'une condamnée 8 étoiles

Je ne connais pas grand-chose de l'Islande, excepté que c'est, comme son nom l'indique, une île, qu'elle est couverte de glace et peu peuplée (ça c'est à cause de la coupe du monde...). Avec ce premier roman d'Hannah Kent, je sais à présent qu'au XIXème siècle, on y vivait de ce que l'on produisait, que même les "nantis" qui n'étaient pas que fermiers avaient du mal à joindre les deux bouts, ou tout simplement à isoler avec du bois les murs de leur maison, que tout le monde, maitres, employés, invités, dormait dans la même pièce, le badstofa, et que c'est en 1830 qu'a eu lieu la dernière application de la peine de mort pour une femme. Cette femme s'appelait Agnes Magnusdottir, et avait tué, à l'aide d'un homme et d'une autre femme, deux hommes, dont l'un était à la fois son employeur et son amant.
A la grâce des hommes raconte les derniers jours d'Agnes à Kornsa, dans une ferme obligée de l'accueillir jusqu'à ce que soit fixée la date de son exécution. Elle y sera servante, et devra tenter de se repentir de ses péchés afin de se remettre dans les petits papiers du Créateur qu'elle ne tardera pas à rejoindre.

Il y a beaucoup de choses que j'ai aimé dans ce roman. La reconstitution de la vie du XIXème siècle en Islande, très bien réussie, est sans doute ce que j'y ai préféré. Qu'il s'agisse des activités, des modes de vie, de la nourriture, des habits, on se sent complètement immergé dans cette société. J'ai beaucoup aimé également les portraits d'Agnes et de Margret en particuliers. Deux femmes fortes et intelligentes dans un monde gouverné par des hommes, chacune sachant sa fin proche. Il faut dire que les hommes de cette histoire ne sont spécialement présentés sous leur meilleur jour, sauf peut-être le gentil et naïf sous-révérend Toti. L'alternance de la vie à Kornsa et des évènements qui y ont conduit Agnes, des poèmes et autres correspondances, rythment gentiment le récit, et il y a même un semblant de suspense quant à ce qui s'est réellement passé à Illugastadir, le lieu du double meurtre.
Dans "La note de l'auteur" en fin d'ouvrage, Hannah Kent explique que les ouvrages se rapportant au double meurtre d'Illugastadir "tendent à donner d'Agnes l'image d'une sorcière inhumaine, attisant les pulsions meurtrières". Son intention était "d'offrir aux lecteurs un portrait plus contrasté de cette femme". Et c'est un peu là que se trouve ma légère déception vis-à-vis de cette lecture : il y a un parti pris trop visible d'innocenter, ou en tout cas, de défendre le "cas Agnes Magnusdottir", au point d'affadir un peu, de mon point de vue, la modernité du personnage.
Mieux vaut en tout cas ne pas être à la merci des hommes, et ne pas s'en remettre à leur grâce !

Ellane92 - Boulogne-Billancourt - 48 ans - 22 mai 2017


Au coeur du badstofa 7 étoiles

Islande. Début du XIXème siècle. Agnes Magnusdottir, condamnée pour meurtre, est confiée à une famille de fermiers en attendant l'annonce de la date de son exécution. Après des semaines terribles d'incarcération, Agnes reprend progressivement goût à la vie. Au cours des visites de son directeur de conscience, elle dévoile les circonstances qui l'ont menée jusqu'ici. Mais la menace de son exécution, si irréelle et pourtant inéluctable, pèse de tout son poids sur la jeune fille.

C'est un roman psychologique dur dans un cadre oppressant, celui du nord de l'Islande. Son climat rigoureux rythme la vie laborieuse et peu gratifiante de ses habitants, la plupart pauvres, à la merci de la maladie, des maîtres et des autorités danoise et religieuse.

Basée sur une histoire vraie l'auteure dresse le portrait d'une société rude et implacable. Quelques lumières traversent parfois ce récit, éveillant un fragile espoir. Mais s'il est difficile de rester indifférent, l'atmosphère des badstofa est proprement suffocante.

Elko - Niort - 47 ans - 10 mai 2017


Un portrait de femme inoubliable 10 étoiles

Ce roman est écrit à deux voix ; l'une sous forme d'un récit qui inclue tous les personnages et évènements, dont des documents réels, une autre qui est la voix de Agnès, la condamnée à mort. C'est cette voix intérieure qui donne une puissance émotionnelle, tant elle s'impose au lecteur comme une confidence directe.
Ces deux voix se complètent ou se répondent d'une certaine façon, afin de permettre au lecteur de se faire une opinion mais pas, tout au moins en ce qui me concerne, un jugement sur les faits . Le but est bien de plonger dans cette Islande de début XIXè dont les conditions de vie, des femmes en particulier, sont décrites avec une méticulosité et une subtilité incroyables grâce à une écriture prenante, imagée, d'un réalisme si naturel qu'il s'impose comme une évidence ; et surtout elle donne une grandeur aux personnages qui baignent pourtant dans un état de misère si noire, où les épreuves s'ajoutent aux épreuves, qu'on pourrait les voir comme anéantis ; alors que ce combat de tous les jours les rend beaux.

Certains se poseront sans doute la question : comment la beauté peut ressortir de la boue, de la promiscuité ,car famille, visiteurs, amis, dorment tous dans un "badstofa" sorte de dortoir où chacun possède son pot de chambre sous la couchette, couchette uniquement fermée par un rideau ; des travaux entièrement manuels aux champs ; où les murs des masures aux allures de chaumières sont en tourbe et ruisselant d'humidité ; où les enfants travaillent comme les parents... La pauvreté à l'état pur ?!
Et la beauté elle est bien là ; dans cette lutte pour garder une dignité dans un pays d'une rudesse éprouvante, où il est impossible de juger si la méchanceté n'est pas finalement justifiée, et où la bonté et la générosité éclatent comme une preuve que l'homme peut être bon et courageux quelle que soit l'adversité.

Au coeur de tout cela il y a Agnès Magnùsdottir, celle qui est accusée d'avoir tué et qui est condamnée à mort ; et dans l'attente de cette condamnation elle est envoyée dans une ferme où, le moins qu'on puisse dire, elle est accueillie avec crainte et ressentiment. C'est la rencontre avec les habitants de cette ferme, et les rapports avec le pasteur qui doit la préparer à la mort, qui sont captivants. Et la voix intérieure de Agnès est fascinante . Elle est une sorte de confession surtout envers elle-même ; ce sera à nous lecteurs, de la rapprocher avec celle qu'elle parvient à donner au pasteur et à la fermière.

Les portraits des femmes sont poignants, celui du pasteur oscille entre une masculinité très proche d'une féminité car capable d'empathie ce qui semble du domaine de l'impossible pour les autres hommes ; car il y a un tel mépris pour les femmes qui est révoltant ! Et Agnès est condamnée, quel que soit son délit, qu'elle soit coupable ou non, parce que justement elle a refusé une soumission inéluctable à la pauvreté et aux hommes ou maîtres.
Je crois bien n'avoir jamais autant aimé un tel personnage de femmes, et de savoir que cette femme a existé, de connaître son combat depuis l'enfance, enfant abandonnée allant de ferme en ferme depuis l'âge de 4 ans, capable de rebondir malgré les épreuves dont personnellement j'ai ressenti l'effroi au fond de moi ; ces enfants abandonnés ont été recensés dans des documents réels de cette époque, principalement par les pasteurs qui circulaient de fermes en fermes.

Une lecture marquante , un portrait de femme extraordinaire et inoubliable !
Il paraît qu'un film se prépare ! Non non, je n'en veux pas ! :-)

Pieronnelle - Dans le nord et le sud...Belgique/France - 76 ans - 28 février 2017


Le feu et la glace 10 étoiles

En mars 1828, les corps brûlés de Natan Ketilsso et Petur Jonsson sont retrouvés dans la ferme où vivaient également ses deux servantes, la toute jeune Sigridur Gudmundsdottir et Agnes Magnusdottir. Aucun doute sur leur responsabilité ainsi que celle du jeune Fridrik Sigurdsson.
Les trois coupables sont condamnés à mort.
Mais en attendant leur exécution, par souci d'économie le commissaire Blondal décide de placer les condamnés dans des fermes. L'Islande, sous domination danoise, manquant de prisons.
Agnes est envoyée à Kornsa, dans la ferme de Jon Jonsson, le policier du canton où vivent aussi sa femme Margret et leurs deux filles Steina et Lauga.
L'arrivée de celle qui est qualifiée de monstre, provoquera d'abord, l'épouvante, l'angoisse mais aussi la curiosité.
Surtout que dans ces fermes glaciales, tous les membres d'une ferme dorment dans la même pièce, la badstofa, salle commune des fermes traditionnelles islandaises : parents, enfants , servantes, garçons de ferme... et Agnes.
Des mois de vie commune, de dur labeur font oublier l'échéance.
Agnes rencontre à sa demande le sous-révérend Thorvardur, Toti, jeune homme inexpérimenté qui a pour tâche de faire repentir la meurtrière, de lui faire confesser ses péchés ; mais c'est de manière bien différente que les entretiens vont se dérouler.

Dans ce pays où hommes et bêtes peinent à survivre dans des conditions effroyables, dans la misère, l'omniprésence du froid, l'auteure dresse des portraits attachants de héros ordinaires capables d'amour, de bonté, de respect.
Mais aussi, de vénalité, de jalousie.

Ce n'est pas sans regrets que l'on quitte Margret et Agnes en refermant le livre.
Une histoire qui n'est pas sans rappeler le tout aussi émouvant "Un bûcher sous la neige" de Susan Fletcher.
Beaucoup de talent, une grande sensibilité pour un très beau et émouvant roman.

Marvic - Normandie - 65 ans - 17 février 2017


Qui ne lit pas est aveugle. 9 étoiles

Effectivement, une écrivaine australienne qui choisit l'Islande comme toile de fond d'un roman, est quelque chose qui pique la curiosité.
Le titre de ce livre n'aurait pu être mieux choisi et critique principale n'aurait pu être meilleure que celle de BMR & MAM à qui je rends hommage pour la qualité de son analyse à laquelle il n'y a pas grand chose à rajouter.

Natan dira à Agnes : "Le monde se limite à ce qu'il est. A la vie qui coule dans nos veines. La neige, le ciel, les étoiles et ce qu'ils ont à nous raconter - rien de plus. Les gens qui nous entourent n'y comprennent rien. Ils ignorent s'ils sont morts ou vivants.
Natan c'est l'homme, le maître et Agnes la femme, la soumise, son objet.
Deux siècles plus tard il est encore difficile d'être une femme, même ici dans nos pays dits occidentaux.

Un superbe moment, grave et triste.

Monocle - tournai - 64 ans - 4 avril 2015