Prince Dickie
de Pieter De Poortere

critiqué par JulesRomans, le 5 juin 2014
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Professeur Choron a des émules
"Prince Dickie" est une BD muette qui revisite essentiellement l'univers médiéval et de la Renaissance, mais parfois aussi un conte d'Andersen ou un épisode historique comme celui de la rencontre de Pocahontas avec des colons américains. Les allusions culturelles sont nombreuses et accessibles au plus grand nombre, dans les moins parlantes à tout un chacun on a cette rangée d'aveugles qui avancent (tableau de ), ce remake du tournoi où Henri II trouva la mort qui se termine cette fois par un aveuglement, ou cette licorne.

Toutefois on est légèrement dans le gore et accessoirement le libertin : la licorne se prend douloureusement le membre viril de l'âne, en tentant de retirer Excalibur le prince Dickie tue maladroitement la vieille prostituée, le même héros préfère se faire une grenouille en brochette alors qu'il aurait pu la transformer en princesse en l'embrassant, une louve se voit éventrer car soupçonnée à tort d'avoir mangé le Petit chaperon rouge alors qu'elle était pleine de futurs louveteaux, Raiponce donne sa longue natte et dégringole du haut de sa tour car Dickie s'est accrochée à la chevelure, le défoliant utilisé pour vaincre l'amas de ronces asphyxie la princesse recluse, afin de manger cuit un poisson en possession de Pinocchio prince Dickie brûle la marionnette...

Un même univers peut être réutilisé, c'est le cas par exemple avec "Raiponce", "Blanche-Neige", "Le petit Poucet", "La petite sirène". Afin de renouveler les situations, apparaît le personnage féminin de Vickie, toutefois celle-ci est généralement victime de ses initiatives alors que le prince Dickie était bourreau dans ses actions. Ce personnage permet de revisiter en particulier "La petite sirène", "Boucle d'or", "Blanche-Neige".

On comprend que cette BD peut beaucoup plaire à un lectorat d'adolescents qui adorera revoir visiter, avec le ton en question, les contes qu'ils appréciaient tant il y a peu d'années. La mise en page est volontairement monotone, elle renvoie à celle pratiquée il y a près d'un siècle avec des cases de surface rigoureusement identiques. On est dans le domaine du gag final sur la dernière ou les deux dernières vignettes d'un planche. L'esprit général du comique est un peu potache et rappelle parfois celui des détournements des tableaux pompiers ou aventures où sur trois à cinq pages était mis en scène le professeur Choron, bref un humour que l'on trouvait dans "Hara-Kiri" dans les années 1970.