En attendant la montée des eaux
de Maryse Condé

critiqué par Jfp, le 16 avril 2020
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 75 ans)


La note:  étoiles
tsunami psychologique
Écrit en 2010, l’année du tremblement de terre qui détruisit quasi entièrement Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, et fait plusieurs centaines de milliers de victimes, ce roman de Maryse Condé constitue lui-même un tsunami. On sort de sa lecture secoué par cette vision noire, très noire de l’humanité. Celle des Caraïbes et de l’Afrique, où se déplace notre héros Babakar au gré des tourments que lui vaut son "sang mêlé", mais bien au-delà, tant le propos semble universel. Corruption, haine de l’étranger, violence aveugle, perte totale de la conscience du bien et du mal, serait-ce là ce que des millénaires de civilisation ont construit, partout dans le monde ? Maryse Condé, dont on est pourtant habitué à l’amertume du propos, a fait très fort dans ce roman aux multiples personnages, morts et vivants, qui se battent pour assurer leur bonheur ou celui de leurs proches ou bien encore pour des causes en lesquelles ils ne croient même plus. Pauvre Babakar, qui voit tous ses amours détruits, et tente malgré tout de toujours se reconstruire et pratiquer ce qu’il sait le mieux faire : soigner, aider à naître, et à survivre, en dépit de tout…