Les saints innocents
de Miguel Delibes

critiqué par Libris québécis, le 7 septembre 2003
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Une hacienda espagnole
C'est un roman merveilleux. Un chef-d'oeuvre de la littérature espagnole. L'histoire se déroule en Espagne dans les années qui ont précédé la Deuxième Guerre mondiale. Grosso modo, ça décrit l'univers des grands propriétaires fonciers, qui sont séduits par tout ce qui représente le pouvoir et la force. Aucune surprise. Ils sont entichés d'Hitler.
Dans la hacienda qui sert de toile de fond au roman, le propriétaire en assume la direction avec despotisme. Tous les employés doivent ramper devant lui. Une famille est mandatée en particulier pour voir au bon fonctionnement des travaux. Parmi les membres se trouve un homme un peu simple d'esprit, qui rappelle celui Des souris et des hommes de John Steinbeck.
Miguel Delibes traite un peu le même sujet d'ailleurs en ce qui concerne l'idiot et l'amour de la ferme. Celui de Delibes est parvenu à apprivoiser un corbeau, qui l'accompagne dans tous ses déplacements. Il le suit même à la chasse quand l'idiot sert de valet à son maître à qui il pourrait en montrer. Mais quand on règne en despote, les humains n'ont qu'une valeur marchande comme le montre de nombreux romans, notamment le dernier roman d'Ook Chung ou Cacao de Jorge Amado. .videmment, le maître ne manquera pas l'occasion d'abattre le beau corbeau pour apaiser ses frustrations de chasseur bredouille.
C'est un roman saisissant bien ancré dans une hacienda castillane. Miguel Delibes est un grand auteur qui, à travers ses personnages, a montré comment ceux qui exercent le pouvoir ne craignent pas d'anéantir ceux qu'ils gouvernent. Camilo José Cela a dit de lui qu'il méritait le prix Nobel.