Pauvre Bitos ou le dîner de têtes
de Jean Anouilh

critiqué par Martin1, le 5 mai 2014
(Chavagnes-en-Paillers (Vendée) - - ans)


La note:  étoiles
PAUVRE BITOS OU LE DÎNER DE TÊTES, par Jean Anouilh (1956)
Résumé : André Bitos, magistrat, est invité à un dîner de têtes.

Mon avis : Lorsque Jean Anouilh analyse les personnages de la Révolution, attendez-vous à tout. Non, les figures cruelles, mitigées, sensibles ou hypocrites qu'ont pu occuper Robespierre, Danton, Desmoulins, Saint-Just, Mirabeau, Tallien dans votre esprit n'ont rien à voir avec celles que vous croiserez dans ce livre.

Cette pièce de théâtre est époustouflante, et pour qui s'intéresse un peu à la Révolution Française, est absolument croustillante. De plus, elle se lit très bien, contrairement à la plupart des pièces aujourd'hui, qui ne sont pas assez "écrites" pour être lues...

André Bitos, magistrat, résistant, libérateur après la France de Vichy, sans-cœur et détesté, est invité à un dîner de têtes. Chaque convive doit arborer la tête d'un personnage de la Révolution Française. Bitos est Robespierre ; Maxime est Saint-Just, Julien est Danton, etc... Une mascarade, bien sûr, visant en fin de compte à humilier le pauvre Bitos autant qu'il est possible.
Une pièce politique, une de celles qui ont choqué le monde des intellectuels de l'après-Libération. Une pièce où les visages de la Révolution sont plus fins, subtils, carnassiers. Le dîner de têtes est un dîner où chacun essaie de garder la sienne le plus longtemps possible. Tout le monde se déteste ; les conventionnels, les girondins, les hébertistes, les indulgents, les Jacobins, les thermidoriens, il n'y a pas vraiment de camp. Tout le monde recherche l'égalité (pour cela, il faut bien couper les têtes qui dépassent), mais tout le monde veut garder le pouvoir. Un étrange tous contre tous qui se terminera fatalement en un Robespierre contre tous ; le grand ami de la liberté qui hait tous les hommes, l'initiateur de la machine-Terreur qu'il est le seul à contrôler...
Mais soyez heureux, ce soir, au dîner, c'est le moment de nous venger de Robespierre... pauvre Bitos...