La ""cybermigration maritale"" des femmes camerounaises
de Brice Arsène Mankou

critiqué par CHALOT, le 3 mai 2014
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
étonnant et accessible
La « cybermigration maritale »
Des femmes camerounaises
La quête de conjoints blancs
De Brice Arsèse Mancou
Editions L’Harmattan Cameroum
Avril 2014
152 pages et références bibliographiques en sus

Un espace virtuel et réel mondialisé

Ce livre d’essai se lit facilement, ce qui constitue un atout.
Le lecteur rentre tout de suite dans la problématique. C’est un sujet original et d’actualité.
Les Technologies de l’Information et de la Communication ( les TIC) se développent et aujourd’hui ce « phénomène » est mondialisé.
Brice Arsène Mankou nous entraîne dans les nombreux cybercafés qui existent à Yaoundé. Nous allons en fréquenter quelques- uns, pas tous, il y en a plus de 400 dans cette capitale politique du Cameroun.
Des femmes de tous les âges, mais surtout des jeunes, trentenaires pour la plupart passent des heures et des heures à pianoter.
Elles recherchent un mari, un blanc si possible riche ou du moins installé…. L’âge importe peu.
Cette quête est souvent collective, les familles africaines s’impliquant d’une façon ou de l’autre.
L’enjeu est personnel, familial, social et financier.
Il ne s’agit dans ce livre ni de masquer la réalité, ni d’idéaliser, ni de condamner une pratique « de masse », mais de l’étudier et d’en montrer toutes les faces.
Certains couples constitués tiendront, d’autres non :
Des européens vont se retrouver dépossédés d’une partie de leur argent renvoyé au pays pour aider la famille restée là-bas, des camerounaises vont se faire berner, l’époux n’étant ni propriétaire, ni aisé….Des mariages heureux seront contractés… rien n’est simple.
« Ces mobilités démontrent qu’aucun peuple ne peut se réclamer de tel ou tel espace sans avoir recours au brassage avec les autres peuples ».
Des brassages sont réussis, d’autres sont plus difficiles, notamment quand les couples formés doivent affronter les réactions négatives des familles et des proches.
Derrière les écrans d’ordinateur, il y a l’imaginaire qui joue et le jeu de la dissimulation de part et d’autre, tout mariage TGV a une part de risque en plus.
« Lorsque le réel rencontre le virtuel, des déceptions éclatent » certes mais parfois ces migrations féminines aboutissent à un projet de vie réalisé.
C’est une étude rigoureuse, étayée , passionnante et accessible à tout public.
Jean-François Chalot