Les mystères de Vendée
de Chloé Chamouton

critiqué par JulesRomans, le 4 mai 2014
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Personne n’y croit mais certains en restent convaincus
L’éditeur de Borée poursuit son tour des départements et peu de départements n’ont à ce jour un ouvrage à ce nom. Devant la richesse découverte pour certains d’entre eux, on a même deux volumes qui leur ont été consacrés comme par exemple avec la Saône-et-Loire. Avec "Les mystères de Vendée" nous découvrons le dernier volume à sortir avant l’été 2014.

Celui qui connaît un peu l’histoire du département est content de voir que l’on n’a pas fait l’impasse sur le compère Guillery (nous avions parle déjà de " Compère Guillery, bandit du Poitou", ouvrage qui lui est entièrement consacré), l’artiste Félicie de Fauveau qui participe à l’aventure de la duchesse du Berry en 1832, Sainte Radegonde, la fée Mélusine… La bibliographie est copieuse et on y trouve certains écrits de membres de l’Union pour la culture populaire en Poitou-Charentes-Vendée. On est parfois dans la présentation de légende et parfois dans la recherche de faits historiques (qui peuvent parler d’un crime), un lieu précis est généralement lié à un ou des personnages privilégiés.

Le plan est thématique ce qui permet de mieux cerner les spécificités culturelles au niveau global. Les chapitres sont consacrés aux fées et diableries, bestiaire insolite, les eaux et leurs mystères, la politique de l’espace, religion et superstition, traditions insolites, destinées. À l’intérieur de chaque chapitre les points sont traités selon les cas entre une demi-page à trois pages. Cela donne évidemment envie d’aller en chercher plus pour certains récits.

Faute de s’obliger à prendre le temps de légender correctement les photographies heureusement assez nombreuses, des informations restent incompréhensibles au pékin non vendéen et même à certains individus bas-poitevins. Ainsi page 236 il est impossible de savoir sur quelle commune se trouve la chapelle de Sainte-Radegonde-des-coquilles, en fait c’est à La Bretonnière-la-Claye. Comme l'auteure ne cite pas ce village, il n’apparaît dans l’index que pour une autre de ses richesses (celle d’abriter des habitations englouties sous les eaux du Lay qui la traversent).

Sans vouloir chercher le petit caillou dans le plat de mogettes, la légende de la photographie page 291 est complètement à revoir. Outre un problème d’accord, le contenu parle d’affrontements vendéens pour une scène de reconstitution médiévale prise soit au Puy-du-fou, soit au château de Tiffauges (là encore une précision mériterait d'être apportée). Il est évident qu’on ne peut parler d’affrontements vendéens, pour la moindre bagarre, avant 1789.

Si l’auteur avait pris la peine de chercher d’expliquer dans son introduction, que le département de Vendée est en gros le fruit de la division en trois d’un Poitou qui aurait pu l’être en deux (si les élus de Parthenay et Niort n’avaient pas habilement manœuvré), il n'aurait certainement pas proposé ces mots à sa légende d’image. Jusqu’à la Révolution on parle de Bas-Poitou et de Haut-Poitou. Se fier à ce que dit qu’Amédée Thierry (à ne pas confondre avec son frère qui est un historien véritable) n’est pas prudent. Il aurait déclaré dans je ne sais quel ouvrage (et c’est peut-être seulement dans un article de journal ou un discours) que:

«la Vendée est l’un des rares départements de France qui peuvent avoir leur histoire particulière parce qu’ils ont leur unité, dans le passé comme dans le présent». (page 10)

Du point de vue géographique le Bocage, la plaine et les régions côtières (dont les deux marais) cela est très différent. Du point de vue historique la Vendée insurgée couvre le nord des départements de Vendée et Deux-Sèvres plus le sud de la Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire. Le protestantisme est resté vivace dans des ilots à cheval sur deux départements: Vienne et Deux-Sèvres puis Deux-Sèvres et Vendée. Bien préciser que le département de la Vendée appartient à l'univers culturel du Poitou était nécessaire.

D’ailleurs, il faudrait que Chloé Chamouton poursuive, armée de ses connaissances, sur une partie du Poitou (sic), cette collection pour les Deux-Sèvres et la Vienne (les volumes ne sont pas encore sortis). Elle retrouverait par exemple Sainte Radegonde à Saix pour le miracle des avoines, représenté sur un vitrail de la chapelle de Sainte-Radegonde-des-Coquilles (voir plus haut) et pour un autre miracle au Verger ; ces deux communes sont dans la Vienne. Et bien d’autres personnages comme encore la fée Mélusine ou le coquatrix qui se voit réserver une place de choix au château d’Oiron dans les Deux-Sèvres.

Nul doute que les touristes et les populations locales apprécieront d'en savoir plus sur des lieux qui méritent d'être découverts ou revisités avec la connaissance apportée par le contenu de l'ouvrage "Les mystères de Vendée".