Expo 58
de Jonathan Coe

critiqué par Chrysostome, le 27 avril 2014
( - 44 ans)


La note:  étoiles
Sympa mais pas son meilleur
L'idée de ce roman retraçant l'histoire de l'Expo 58 est venue à Jonathan Coe lorsqu'il a été interviewé par la radio belge sur les lieux de l’Atomium.

Coe nous raconte comment Thomas Foley, jeune fonctionnaire au Bureau central de l'Information, voit sa vie changer lorsqu'il est mandaté pour six mois à Bruxelles au pavillon anglais pour superviser la bonne tenue d'un pub censé incarner la culture de son pays. Comme à son habitude, Coe brasse les genres, et tout en nous relatant ce que pouvait être le quotidien de l'Expo 58, il le saupoudre d'une histoire sentimentale ainsi que d'une parodie de roman d'espionnage.

La mise en place est un peu longue, et à mon goût pas passionnante. Il faut atteindre le premier tiers du roman pour qu'une idylle naissante vienne mettre un peu de sel dans cette histoire. Et ce n'est qu'arrivé à la moitié du roman que l'intrigue, façon parodie de James Bond, décolle vraiment. C'est dans cette dernière veine que le roman prend toute sa saveur et qu'on retrouve enfin la principale qualité de Jonathan Coe : son humour désopilant ! Les trois espions de sa majesté auxquels Thomas est confronté sont des sortes de Dupond-Dupont, Wayne et Radford par leur manière de construire leurs dialogues à deux, et Wilkins par sa maladresse. Malheureusement l'intrigue retombe très vite, et l'histoire traîne à nouveau en longueur sur la fin.

Voilà un roman qui fait entrevoir ce que pouvait être l'Expo 58 pour ceux qui, comme moi, ne s'y étaient jamais plus intéressés que ça. Cependant, le souci qu'a Coe de nous retranscrire toute l'organisation fidèlement dans ses moindres détails rend parfois la lecture quelque peu fastidieuse. C'est dans sa partie romancée qu' Expo 58 devient le plus intéressant et on peut regretter que l'auteur n'ait pas réussi à trouver un meilleur équilibre entre sa toile de fond historique et l'histoire qu'il souhaitait mettre en place.
Une intelligente parodie de roman d'espionnage 6 étoiles

En 1958, Thomas Foley est envoyé à Bruxelles par les autorités anglaises afin de surveiller un pub qui se trouvera dans le Pavillon anglais durant l'exposition universelle. Sa mission n'est pas vraiment claire et tout le long du roman, on ne sait pas réellement son rôle dans cette aventure, du moins son rôle officiel. On sent tout de même qu'il est utilisé à des fins secrètes. En pleine guerre froide, il y a des suspicions d'espionnage. Chaque pays gère son pavillon et les enjeux deviennent politiques. Il s'agit de savoir quel pays a le plus progressé, quels sont les projets de son voisin ... A cette immersion dans cette exposition universelle viennent s'ajouter des scènes de séduction et des relations amoureuses qui font basculer ce roman en une parodie de roman d'espionnage. On pense à James Bond évidemment dans un tout autre registre.

Le roman est agréable à lire. Le lecteur passe un bon moment avec tous ces personnages dont on en vient à se méfier car un climat de méfiance règne à Bruxelles. Ils semblent tous ambivalents et on ne sait plus vraiment à qui notre personnage peut faire confiance. L'évolution du personnage principal est intéressante aussi car il part vers l'inconnu au départ et éprouve par la suite un certain plaisir à vivre loin de sa vie familiale rangée. Les chapitres sont vifs et sont distrayants. Le roman n'est pas le chef-d'œuvre du siècle, mais il permet de passer un bon moment.

Contrairement à certains lecteurs qui n'ont pas apprécié la mise en place de l'exposition universelle, c'est sans doute ce qui m'a le plus intéressé. Voir comment l'exposition universelle sert de vitrine afin d'impressionner les pays présents a quelque chose d'intéressant sur le plan politique. Il s'agit d'avoir le plus beau pavillon, la technologie la plus aboutie. Il faut aussi récupérer des informations afin de s'en servir pour surpasser les pays rivaux. il y a quelque chose d'assez fascinant, comme si durant ces six mois-là, la plupart des pays se trouvent réunis en un même lieu, comme si cette exposition était un microcosme reflétant le macrocosme qu'est le monde. Pour avoir visité l'expo universelle de Milan, beaucoup plus récente, les visiteurs sentaient la puissance de certains états par leurs pavillons : Les pavillons de la Russie, d'Israël, d'Azerbaïdjan, des pays du Golfe et bien d'autres vantaient leurs mérites ... J'ai retrouvé cela dans ce roman, parodique parfois, mais dont l'ancrage historique et les enjeux de l'exposition universelle sont bien rendus.

Un roman divertissant ancré dans l'Histoire malgré tout.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 5 avril 2023


Toute une époque 8 étoiles

Un thème très original qui m'a permis de découvrir l'expo 58.
Tout le contexte de la guerre froide et de ses espions et leurs parodie de méthodes caricaturales qui nous paraissent désuètes et folkloriques.
Le principe des expos universelles qui malgré l'évolution et la modernisation n'a pas fondamentalement changé avec les pavillons de chaque pays, les baraques d'hébergement, les emplois spécifiques et surtout l'universel et intemporel "temps suspendu" qui provoque des changements plus ou moins radicaux dans la vie des participants.

Eoliah - - 73 ans - 12 septembre 2020


Un jonathan Coe original 7 étoiles

Voici un Jonathan Coe particulièrement original et qui tranche avec les précédentes productions de l’auteur des Midlands. En effet celui-ci s’essaye au roman d’espionnage sous fond de guerre froide.
Ayant pour cadre l’exposition universelle de 1958, le roman s’articule autour d’un personnage « monsieur tout le monde » : Thomas Foley, jeune employé du BCI (bureau de l’information britannique). Chargé de la gestion du pub anglais Le Britannia, construit pour l’occasion, Thomas découvre une nouvelle vie faite d’action, de découvertes, de glamour et de tentations.

Agréable à lire, bien desservi par une écriture efficace, Expo 58 est un roman distrayant mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable comme Bienvenue au club ou encore l’excellent Testament à l’anglaise. Cependant la lecture fût agréable, l’histoire intéressante et il faut souligner le risque pris par Jonathan Coe qui s’aventure dans un registre dans lequel on ne l’attend pas.

Un roman plaisant.

Sundernono - Nice - 40 ans - 3 novembre 2015


un roman emballant et bien ficelé 7 étoiles

Le vrai du faux . le faux du vrai!
Qui est qui ? et qui fait quoi ?
Thomas Foley ne le sait pas mais quand il croit le savoir , bien sûr il se trompe maladroitement, même ses liaisons torrides sur fond de guerre froide sombre dans l'absurde
Car il est manipulé du début à la fin
Tout l'art de cette histoire est fondé sur la falsification
Dans un décor qui semble lui même irréel et qui finit d'ailleurs par disparaître !
Une histoire bien écrite et divertissante avec un humour 'so british' qui n'est pas sans rappeler ce grand auteur que fut Graham Greene avec des romans comme
'Voyage avec ma tante' ou encore ' Notre espion à la Havane' qui sont des modèles du genre à lire et à relire !

OSCARWY - - 67 ans - 2 mai 2015


Une histoire belge à (re)découvrir 6 étoiles

Au pied de l'Atomium, dans la périphérie de Bruxelles, l'exposition Universelle de 1958 va débuter. C'est la première depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Jonathan Coe fait revivre cet événement sur fond de guerre froide et d'espionnage entre l'est et l'ouest, de naissance de l'énergie nucléaire et de découverte spatiale... Thomas Foley désigné pour superviser "Le Britannia", un vrai faux pub construit dans la zone réservée à la Grande Bretagne va voir sa vie bouleversée par cette plongée au cœur des grandes transformations de l'après guerre. C'est tout son mode de vie, monotone et sans grand relief qui s'en trouve remis en cause. Jonathan Coe sait raconter des histoire de gens simples avec un humour qui lui est propre, nous entraînant dans une parodie de roman d'espionnage, assaisonnée d'un soupçon d'intrigue sentimentale.
Je partage l'avis de la critique principale: c'est une lecture plaisante mais avec quelques longueurs en début et en fin de récit. Jonathan Coe ne signe pas là son meilleur roman mais j'ai apprécié de comprendre enfin à quoi correspondait ce fameux Atomium dont j'avoue que la portée m'avait totalement échappé quand je l'ai visité, ainsi que la capacité de dérision de cet auteur.

Papyrus - Montperreux - 64 ans - 25 juin 2014