Georges-Antoine Rochegrosse
de Laurent Houssais

critiqué par Fanou03, le 25 avril 2014
(* - 48 ans)


La note:  étoiles
Rochegrosse, ou la peinture-spectacle
Georges-Antoine Rochegrosse (1859-1938) fut un peintre relativement connu de son vivant, avant de sombrer progressivement dans l’oubli. Cet ouvrage, qui se présente comme un catalogue raisonné de ses œuvres, permet de faire la lumière sur ce peintre étonnant qui a subi sans doute, comme tant d’autres, le désintérêt des critiques et du public envers l’art académique.

Rochegrosse a beaucoup pratiqué la peinture d’histoire, un courant en vogue dans la deuxième partie du XIXème siècle. Et de fait, inspirées par l’antiquité, sanguinolentes, riches en mouvement, presque excessives, les premières toiles marquantes de Rochegrosse, comme "Andromaque" (exposée au musée des Beaux-Arts de Rouen) ou "la mort de Vitellius" font sensation et le font connaître auprès du grand public.

Mais l’œuvre de Rochegrosse révèle de nombreuses autres facettes, comme ses toiles d’inspirations wagnérienne (le lumineux "Chevalier aux fleurs", visible au musée d’Orsay), son travail pour les arts décoratifs (ses terribles vases "de La Guerre" conservés au château Borély à Marseille), des affiches pour le théâtre et enfin ses illustrations de romans ou de recueils de poèmes.

Je dois dire que, malgré une allure outrancière qu’on peut reprocher à certaines d’entre elles, j’apprécie beaucoup ces peintures par la puissance qui s’en dégage. Le choix des sujets (souvent tragiques), les dimensions des toiles ("La mort de Babylone", malheureusement non localisée, fait 63 m2), l’intensité chromatique qui s’y déploie, tout concours en effet à frapper le spectateur de saisissement. De façon surprenante, ces productions impressionnantes côtoient également dans l’œuvre du peintre les délicates illustrations, aux douces couleurs pastel, qu’il a réalisées pour le roman "Salammbô" de Flaubert, illustrations qui sont vraiment de toute beauté.

Bien que les aspects biographiques concernant le peintre ne soient pas forcément très développés, cette monographie s’avère extrêmement intéressante, notamment par son approche thématique qui aborde les différents aspects de son œuvre. Certes Rochegrosse, au sein de son courant pictural, restera sans doute toujours un peintre secondaire. Il mérite cependant qu’on s’arrête un moment sur ses productions dont certaines présentent une esthétique encore résolument moderne.