180 jours de Isabelle Sorente

180 jours de Isabelle Sorente

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Monocle, le 25 avril 2014 (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 172ème position).
Visites : 2 626 

Dur mais magnifique

180 jours !

Voilà ce qu'on lit au dos du livre.
"180 jours, c'est le temps qui sépare la naissance d'un porc de sa mort à l'abattoir. Ce sont aussi les six mois qui font basculer la vie d'un homme". (sic)
Martin Enders est enseignant universitaire en philosophie et se rend dans une porcherie industrielle pour une étude. Il y fait la connaissance de Camélia, membre du personnel et une curieuse amitié lie les deux hommes.
Une aventure haletante s'en suivra.

J'avais longtemps hésité face à ce livre dans les rayonnages de la bibliothèque. Je suis déjà ému quand je vois un chat écrasé sur le bord de la route alors se plonger dans un sujet aussi horrible ne m'emballait pas trop. Et puis je gardais un souvenir très mitigé de Bernard Werber et "Le père de nos pères" qui ne recueille d'ailleurs ici pas vraiment l'unanimité des lecteurs.
En feuilletant une phrase accroche mon attention : "La nature est une salope" ! Voilà quelques mots qui m'ont convaincu d'adopter les 460 pages de ce bijou édité chez JCLarrès, qui il faut l'avouer a du flair dans le choix des parutions ces derniers temps.
Si vous voulez lire du bon, un sujet grave qui ne tombe jamais dans le voyeurisme, une écriture exceptionnelle... c'est ici que ça se passe.
Le sujet est terrible bien sûr et fait un peu peur : ces animaux qui souffrent pour le bonheur de nos assiettes.
Ce ne sont que des bêtes rétorqueront certains mais l'horreur de ces porcheries industrielles ne sont qu'un reflet... c'est notre miroir.
Alors que faire ? Devenir végétarien ?
Isabelle Sorente écrit : "une pensée par jour, ça n'a l'air de rien, mais c'est comme une brèche".
Elle envoie aussi ce message ambigu : "les personnes intelligentes ne parlent pas de ça parce qu'elles savent que ça pourrait tacher les rideaux".



Voici un court extrait pour vous convaincre (mais risque aussi l'effet contraire).
... La salle était divisée en huit cases divisées par une allée centrale, chaque case contenait entre trente-deux et trente-quatre porcs, conformément aux normes européennes de bien-être animal, qui préconisent un espace de 0,3 mètres carrés par porc de moins de trente kilos. Les mâles clignaient des yeux en regardant les néons. Certains tentaient de monter sur le dos de leur voisin. D'autres tentaient de mordre. La plupart se blottissaient les uns contre les autres, on aurait dit une pâte à modeler vivante, avec quelques grumeaux qui se détachaient de la masse.
Camélia a ajusté sa casquette, la visière à l'envers, il a crié : " GARDE A VOUS !.... Et les deux cent soixante-quatre mâles se sont figés sur place. Ceux qui criaient se sont tus. Ceux qui étaient couchés se sont redressés, les combattants se sont séparés.
GARDE A VOUS ! a crié Camélia. Le visage fripé, les oreilles tremblantes, ils clignaient des yeux comme de pauvres gars réveillés en sursaut.
Camélia a fait quelques pas dans l'allée centrale, il a tourné sa casquette comme un béret grotesque, il a froncé ses sourcil en accent circonflexe :
REPOS !
Une onde de soulagement a traversé le troupeau, les deux cent soixante-quatre gars ont frémi, libérés d'un sortilège...
Pourquoi tu as fait ça (dit Martin) ? Comment c'est possible ? Tu les as dressés, ils comprennent des ordres ?
Bien sûr que non, a dit Camélia. C'est un phénomène que j'ai constaté, depuis le temps que je travaille dans une porcherie, personne n'en parle jamais, toujours est-il que le porc se met au garde à vous devant l'homme. A peine tu apparais, ils se changent en statue. Au bout d'une minute ou deux, si rien ne se passe ils se remettent en mouvement.
A force de les observer, j'ai fini par connaître le temps que ça leur prend, alors j'ai fait ça pour t'impressionner.


UN LIVRE MAGNIFIQUE ET BOULEVERSANT.

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Décevant

3 étoiles

Critique de Didoumelie (, Inscrite le 5 septembre 2008, 51 ans) - 3 avril 2016

180 jours, 180 jours c'est court, mais c'est très long quand on souffre..... Et c'est le temps qui sépare un porc depuis l'insémination artificielle jusqu'à l'abattoir, en passant par l'engraissement dans des conditions abominables.

L'histoire est originale, c'est le moins qu'on puisse dire, et tout à la fois fascinante par ce qu'elle révèle de la cruauté du monde de l'élevage intensif.

Pourtant, cette histoire - racontée ici au travers de deux personnages principaux, Camélia le porcher et Martin, professeur chargé de mener une enquête - aurait pu être intéressante, si les personnages trop singuliers, pas vraiment attachants, n'étaient pas venus alourdir la trame et l'intrigue, dans une écriture trop irrégulière et descriptive...

Je tenterai de lire un autre roman d'Isabelle Sorente pour m'en faire peut-être une autre idée...


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