La montagne
de Jean-Noël Pancrazi

critiqué par Nathafi, le 21 avril 2014
(SAINT-SOUPLET - 57 ans)


La note:  étoiles
Exutoire
Qu'est-ce qui a poussé ce petit garçon de huit ans à ne pas suivre ses camarades dans la camionnette, pour découvrir "La Montage", lieu interdit ? A la fin de la guerre d'Algérie, les esprits s'apaisent et le danger s'éloigne. Les six camarades du petit partent donc à la recherche de scarabées dorés et autres trésors, sous le regard du jeune garçon qui décide de rester là et d'attendre leur retour.
S'ensuit une soirée d'horreur où l'on voit revenir ces enfants égorgés...

Jean-Noël Pancrazi nous raconte ici son enfance et cet épisode traumatisant. Il vit continuellement avec ce poids, celui de n'avoir pas accompagné ses petits camarades et de ne pas avoir partagé leur destin.

La fin de la guerre l'oblige à se réfugier en France, son père demeurant toutefois sur les lieux. Pied noir, il ne veut pas quitter son pays, veut sauver la minoterie dont on lui a confié la direction, veut se sentir utile, encore, auprès des Algériens qu'il connaît si bien, qu'il a protégés pour certains pendant les heures troubles.

Mais c'est le couteau sous la gorge qu'on le force à quitter le pays, plus de place pour lui à présent, et l'adaptation en France est plus que difficile.

On sent dans l'écriture de cet ouvrage un besoin de soulagement, l'auteur déverse sa rage, ses remords, ses regrets de manière intense. Les phrases, parfois extrêmement longues, semblent avoir été travaillées et retravaillées, pour ne rien oublier, le moindre petit détail a son importance, l'esprit et la mémoire doivent se libérer de cet enfer quotidien, du poids du passé, de la honte éprouvée...