Les évadés
de Christian Gailly

critiqué par Lobe, le 21 avril 2014
(Vaud - 29 ans)


La note:  étoiles
Gailly gaillard aux Etats-Unis
Les Evadés, film américain, 1995. Ah, non, livre français, 1997.
Mais l'histoire est bien une histoire américaine. L'ouverture du roman: une voiture lancée sur une route de poussière, deux femmes, un homme. Un enfant blessé, aussi. Quelque part aux Etats-Unis, même si ça n'est pas dit ça suinte par tous les pores. Se joindront à ces quatre personnages une petite ribambelle d'autres: parents, amants, fantômes. Parce que plane sur la communauté de cette bourgade américaine une histoire d'autrefois. D'où la famille Tod mise au ban, d'où un enfant blessé dans la voiture qui file, en soulevant des nuages sablonneux.
Le livre détricote le passé tout en jouant avec le présent, jusqu'au bout: final américain, comme il se doit.

Mais à côté des personnages, en aval du pitch, il y a l'écriture. Elle sautille: une phrase pour dire combien la voiture est lustrée, la deuxième pour éclaircir des pensées. La troisième encore ailleurs ; aisance de l'auteur. Je n'avais encore rien lu de Christian Gailly, mais il semble doué pour déstabiliser, pour moduler le rythme, générer des ruptures. Il introduit dans les phrases convenues une étincelle. Il conclut le paragraphe bien loin de là où il l'avait ouvert. Il joue du thème qu'il s'est choisi, il se joue du lecteur qui l'a choisi. Et apprécie?