Jules Ferry: La liberté et la tradition de Mona Ozouf

Jules Ferry: La liberté et la tradition de Mona Ozouf

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par TRIEB, le 18 avril 2014 (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 72 ans)
La note : 10 étoiles
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UN HERITAGE TRES ACTUEL

Jules Ferry est un homme politique célèbre, pour au moins deux raisons : c’est l’architecte de l’école laïque, gratuite et obligatoire ; il passe d’autre part pour un soutien supposé de l’aventure coloniale . Dans un ouvrage très court mais dense, Mona Ozouf apporte quelques précisions décisives sur l’apport de Jules Ferry dans la vie politique française et dans l’histoire de l’IIIe République.

Son point de départ, nous dit Mona Ozouf, fut constitué de trois défaites qui imprimèrent par la suite une orientation décisive à ses orientations :
-Défaite professionnelle : Jules Ferry fut contraint de choisir le barreau alors qu’il espérait servir au Conseil d’Etat. Il ne le put, en raison de son refus de servir l’Empire :
-Défaite politique : témoin des errements produits par le suffrage universel qui produit à ses yeux de la servitude.
-Défaite affective : Jules Ferry est saisi d’accablement à la vue des foules qui poursuivent de leurs quolibets un groupe de parlementaires à Mazas.

Tout au long de sa carrière, Jules Ferry s’efforce de donner à la République naissante, encore incertaine quant à sa durée, les moyens de durer, de s’implanter dans le cœur des Français. Il pressent, avec raison, que l’éducation pour tous est la clé : « Organiser l’humanité sans Dieu et sans roi », disait-il …
Il pressent également que l’éducation des femmes, déjà lancée par Victor Duruy, sera un préalable à une égalité pleine entre les sexes. Sur la colonisation, qu’il voit comme une promesse de débouchés pour l’énergie française, il l’envisage comme la possibilité d’éduquer des races ou des civilisations inférieures, la latitude de leur apporter les bienfaits du progrès, de la lumière. Pourtant, Jules Ferry n’est pas un impérialiste au sens classique du terme. Dans son rapport intitulé Le Gouvernement de l’Algérie, qu’il présente au Sénat, il établit des constats édifiants. S’il y juge que l’Algérie, c’est la France, il préconise la révision du Code forestier, la création d’écoles algériennes, il y dénonce les injustices produites par la fiscalité qui paupérise les fellahs.
On le voit, Jules Ferry fut un personnage complexe. Mona Ozouf démontre avec élégance, précision et grande pertinence que l’autorité de l’Etat et l’autonomie de l’individu furent portés par Jules Ferry avec un enthousiasme égal. Cette synthèse, réussie aux yeux de l’historienne, nous rend Jules Ferry très actuel. Et admirable.

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