Jean Moulin (Tome 2): La République des catacombes
de Daniel Cordier

critiqué par Veneziano, le 15 avril 2014
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
L'Après-Jean Moulin
Après avoir décrit les origines personnelles et professionnelles de Jean Moulin, alias Rex, dont il a été le secrétaire, après avoir énoncé le parcours et les responsabilités dans la Résistance et les circonstances de sa mort, dans ce second tome, Daniel Cordier décrit le fil des événements après sa disparition.
Ce terme est plus exact aux yeux des tiers que celui de mort, puisqu'un mystère entoure ce qu'il est devenu réellement, certains l'espérant captif en Allemagne. La Résistance doit donc se structurer sans lui, son remplacement ne s'avère pas une mince affaire, et la gestion de De Gaulle continue d'être perçue comme quasiment unipersonnelle. Les partis politiques se reforment clandestinement, pour réémerger à la Libération. Le Conseil national de la Résistance est officiellement au pouvoir, avec un jeu de chiens de faïence avec les tenants du pouvoir déchu, et les interrogations sur le degré d'épuration et d'évictions à appliquer.
Il reste à tirer le bilan de la Résistance pendant la guerre, ce qui n'est pas opéré tout de suite, la reconstruction du pays et d'un visage officiel étant la priorité de l'heure.
Moulin serait donc mort, puisqu'il n'est pas réapparu, mais tombe vite dans l'oubli des mémoires, avant d'être érigé en martyr par De Gaulle Président, lors de son entrée au Panthéon.
Mais sa mémoire n'est pas constituée sans tumulte. Le sort de René Hardy constitue une polémique vive, dans le but de savoir s'il l'a livré ou non des Allemands, ou s'il a également été victime de circonstances et d'apparences trompeuses. Deux procès se tiennent pour connaître son rôle précis dans le rendre-vous fatal dans la maison de Caluire-et-Cuire du Docteur Dugoujon. Tout l'accable, mais un fort halo de troubles finit par l'acquitter.
Une autre polémique tient sur le rôle précis de Jean Moulin et sur le fait de savoir de qui il aurait été l'agent, de l'URSS, des Etats-Unis. Elle mène son ancien Secrétaire mener recherche à Moscou, longtemps après les faits, dans l'espoir que les archives soient ouvertes.

Cette seconde moitié du récit, de l'après-Moulin, restitue quelle a été sa trace, avec une grande honnêteté, et en précisant les difficultés de méthode historique de connaître la vérité précise sur ces années et sur un homme secret.
Le style est sec, la méthode rigoureuse, le tout tient en haleine, et fait oublier l'épaisseur de l'oeuvre. Elle est à conseiller.