un témoignage effroyable mais sincère

J'ai vu et entendu d'innombrables reportages sur les conditions carcérales américaines mais la lecture de ce témoignage fait froid dans le dos.
L'histoire en elle-même est simple. Trois enfants de huit ans ont été sauvagement tués et mutilés. La police se met à cœur d'arrêter le ou les criminels. Donc en partant de là le lecteur se dit que la justice va l'emporter.
Mais en fait le lecteur va se trouver plongé au cœur d'une machine administrative, judiciaire et carcérale qui vous broie aussi bien physiquement que moralement. Dès les premières lignes, on vit et on ressent par procuration ce qu'a subi l'auteur de ce livre. Sans artifice ni une surenchère sur les descriptions ou sur le récit l'auteur a mis sur papier ses mots afin de transposer ses joies lors de son enfance avec sa grand-mère et ses maux : la misère, la violence de Jack, ses tentatives de suicide dans la prison.
Ce qui est frappant dans cette œuvre c'est les préjugés qui surgissent telle une gangrène. Si vous ne rentrez par dans une certaine normalité ou que vous vous habillez en gothique aussitôt vous êtes honni comme notre auteur aussi bien par l'Eglise qui voit en vous un satanique que par la communauté. De plus certaines personnes se servent des peurs tels le satanisme et les crimes liés à cette dérive pour endoctriner toute une communauté afin de justifier l'arrestation d'un adolescent et de ses deux amis incarnant une jeunesse qui se cherche.
Cependant tout au long du parcours carcéral décrit sans fioritures le lecteur a le sentiment de se déshumaniser. Nous subissons la perte de nos émotions sauf au contact d'un chaton ou d'un oiseau apprivoisé pour ne devenir qu'un numéro parmi tant d'autres. L'aboutissement au couloir de la mort met en contact des gardiens et des prisonniers condamnés pour diverses raisons mêmes les handicapés mentaux attendent le jour de leur exécution. Cette micro-société est au centre de tensions qui s'expriment sous différentes formes : corruption, viol, meurtres au sein de la prison, sévices physiques et moraux de la part des prisonniers entre eux mais aussi de la part des gardiens.
Le plus choquant est de constater que tout est fait aussi bien administrativement que religieusement pour qu'aucun prisonnier ou membre de sa famille fasse appel. Des hommes d'Eglise font comprendre au condamné qu'il serait souhaitable d'accepter la mort afin de connaître un monde meilleur.
Malgré la noirceur qui a entouré notre auteur, celui-ci a réussi à se forger un caractère grâce au bouddhisme pour survivre au sein de la prison. Bien qu'il ne puisse effacer cette parenthèse carcérale qui lui a volé un pan de sa vie, ni être indemnisé ainsi que ses deux amis, il vit libre en appréciant la moindre petite chose de la vie.

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  la vie après la mort

  
  Éd. Ring
  ISBN : 9791091447171 ; 45,41 € ; 20/03/2014 ; 515 p. ; Broché

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