La plume au poing
de Jean Joseph Mourot

critiqué par CHALOT, le 6 avril 2014
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
une page d'histoire du syndicalisme enseignant
« La plume au poing »
1967-2003
Une contribution à l’histoire
de l’Ecole Emancipée
de Jean J. Mourot
495 pages-26 €
atelier du scorpion brun
622 bis rue de l’essart
76 480 Yainville

Le temps des militants

Alors que le syndicalisme enseignant est aujourd’hui dispersé et que beaucoup de ses dirigeants restent permanents à vie, certains obtenant même à la fin de leur carrière un poste dans une mutuelle ou une association amie, il reste encore quelques « irréductibles » militants désintéressés et combatifs qui se battent pour l’unification syndicale et pour un syndicalisme tourné vers l’action et refusant toute compromission.
Jean Mourot, ancien instituteur, en retraite ouvre , preuves à l’appui, une page d’histoire, la dernière d’une vieille tendance syndicale révolutionnaire née en 1910 .
Si l’Ecole Emancipée , tendance jalouse de son indépendance par rapport aux partis politiques a victorieusement résisté aux offensives de partis politiques « révolutionnaires » voulant l’instrumentaliser du PCF au début des années 30 à la Ligue Communiste Révolutionnaire, elle a disparu comme tendance active, anti bureaucratique quand la Ligue au tout début des années 2000 réussit « enfin » ! à contrôler cette « vieille maison » pourtant encore vive.
La politique a horreur du vide et les militants EE favorables au maintien d’une tradition ont voulu coûte que coûte, à l’aube du deuxième millénaire continuer le combat engagé par leurs devancier.
Ils ont construit une nouvelle tendance, héritière naturelle de l’EE historique.
Ainsi est née l’Emancipation.
Jean Mourot relate l’histoire de l’Ecole Emancipée de 1967 à 2003 .
Il s’appuie sur sa mémoire et surtout sur de nombreux documents internes et externes.
Il est vrai qu’il fut l’un de ces militants instituteurs, pugnaces et qu’il a su faire évoluer cette revue l’Ecole Emancipée afin qu’elle ne soit plus conçue comme un réceptacle de tracts.
Jean Mourot et Michel Chauvet, l’un des dirigeants historiques de l’EE des année 70-90 ont su bâtir une revue de qualité, exprimant la diversité et le débat et s’ouvrant vers l’extérieur sans se renier :
Les principes du syndicalisme révolutionnaire étaient maintenus mais il s’agissait d’une revue lisible, attractive.
C’est l’histoire de ces enseignants révolutionnaires qui ont toujours refusé les compromissions
Avec le pouvoir, avec l’administration.
Un syndicaliste enseignant doit continuer à enseigner donc ne pas disposer de décharges syndicales complètes, il ne doit pas faire plus de deux mandats consécutifs pour ne pas se couper de son milieu d’origine.
L’histoire est passionnante.
Le lecteur y découvre un milieu humain, attachant et des hommes et des femmes engagés, n’hésitant pas à sacrifier une partie de leurs congés, leurs soirées, voire parfois leur vie de famille pour un engagement social et surtout jamais corporatiste.

Jean-François Chalot