Les Rois de rien de Pierre Saha

Les Rois de rien de Pierre Saha

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Romans historiques

Critiqué par JulesRomans, le 20 mai 2014 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 65 ans)
La note : 8 étoiles
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Les trois prétoriens

"Les rois de rien" est un roman historique où un des personnages serait une association entre certains traits de caratère de Joseph Vacher (d'ailleurs cité page 64), de Thénardier, du Capitaine Conan et des Pieds Nickelés. Le titre "Les rois de rien" provient d'un échange de répliques à la page 389:

« - Mais oui yeut-nant. Oui ! Nous sommes des hommes! C'te guerre, c'est nous qui l'avons gagnée! Pas les autres! Pas l' Griffoin avec sa face de rat et sa gueule de corbeau. La guerre nous donne tous les droits yeut-nant, j'le disais encore à Chambray l'autt'soir quand j'ai débarqué chez lui avec ma bécane. La guerre, elle a fait d'nous des rois!...

- Des rois, murmura Mirement désabusé, les yeux au sol. Des rois...

- Parfaitement! On fait c'qu'on veut maint(nant qu'on a gagné...

-Des rois, poursuivit l'avocat, évitant le regard du tueur. Mais mon pauvre Voisin, tu n'as rien compris!... Regarde autour de toi: cinquante ou cent flics sont là à nous attendre... Ils n'attendent que l'ordre de te descendre, malgré ta guerre, " ta " grande guerre (…) Nous sommes des rois déguenillés, des rois sans couronne et sans trônes, des rois sans royaumes et sans armures! Nous sommes de rien, Voisin! … Des rois de rien du tout! Cette guerre, nous l'avons perdue!».

Il faut dire que, résumé dans la formule de Clemenceau « Ils ont des droits sur nous », on avait longuement dit durant la durée du conflit, aux poilus que la Patrie reconnaîtrait leurs sacrifices et seraient réserver certains privilèges aux rescapés ou aux familles de ceux-ci.

Des crimes commis avec une baïonnette ensanglantent la campagne du département de l'Oise, vers Clermont dès le printemps 1919. L'ancien lieutenant Paul-Clément Miremont est redevenu avocat, après sa démobilisation en avril 1919 et le meurtrier (ancien poilu, comme on l'apprendra), ce qui semble vraiment bien précoce pour des célibataires, même si le second a dépassé quarante ans. L'intrigue pointe combien les rapports pouvaient être conflictuels au sein d'une même unité et comment certains poilus se débrouillaient pour se faire des revenus d'appoint.

Paul-Clément Miremont va s'intéresser à cette affaire et se mettre à découvrir des informations insolites sur des hommes qui ont été avec lui dans les tranchées. La question de la fidélité de celles qui étaient à l'arrière va remonter, on sait que ce point était la grande inquiétude des soldats et le plus important sujet de préoccupation dans villages. D'ailleurs les romanciers qui ont connu cette période, comme Ernest Pérochon dans "Les Gardiennes", montrent bien combien cette question alimente fausses et vrais informations des les courriers entre l'arrière et le front.

Voilà un très bon roman historique autour des conséquences de la Première Guerre mondiale sur le psychisme des hommes. Le poilu meurtrier reste dans l'univers de l'agression, prolongeant ses habitudes de combattant dans l'assassinat.

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