Crève, l'écran
de André Klopmann

critiqué par Shelton, le 5 avril 2014
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Un polar parfois un peu brouillon ou longuet...
Ce roman policier qui a reçu le prix du quai des orfèvres (cru 2002) a pour toile de fond le festival de Cannes. Donc autant vous dire tout de suite que son intérêt repose autant sur l’intrigue policière – plutôt moyenne d’ailleurs – que sur le travail des journalistes pendant ce grand festival de cinéma. Je dis bien le travail des journalistes car nous allons suivre ce festival – ou cette enquête – en compagnie d’un reporter spécialisé, Gino Vespa. C’est un indépendant, un pigiste de luxe, qui travaille en particulier pour une grande chaine de télévision, General TV…

C’est justement à Paris, loin de Cannes, que se déroule la première mort suspecte, en plein cœur de l’activité télévisuelle… Des morts, il va y en avoir, c’est une certitude, à Paris et même à Cannes, avec un lien surprenant entre ces deux lieux mortifères, enfin, si vous me permettez cette expression qui ne remet pas en cause les deux villes en question où, chacun le sait, il fait bon vivre…

J’ai parlé de mort suspecte et non de meurtre. Oui, c’est bien le problème pour la police à Paris, c’est que cette première mort est tout simplement inexplicable. Mort étouffé, dans une salle passante, au milieu de tous, et étranglé par ses propres mains… Tout ça sent la sorcellerie, le vaudou, la magie noire haïtienne, le fantastique d’Edgar Poe… sauf que nous sommes en plein polar, plutôt traditionnel et réaliste, le modèle apprécié par le jury du prix du quai des orfèvres…

J’ai adoré ce roman dans son premier tiers (le roman compte 380 pages), celui où on vit au rythme de notre reporter, où l’on comprend mieux les mécanismes des grands festivals, les dessous mystérieux des scoops et autres exclusivités…

Puis, l’attention se relâche quelque peu quand les polices de Cannes et Paris prennent contact, quand les évènements des deux villes s’avèrent liés entre eux. Attention, à ce moment-là, j’ai failli jeter l’éponge et refermer le roman… Mais j’étais attaché à Gino, à Babette, à Solnia, à Vernes… du coup, j’ai continué la lecture, au départ sans conviction, puis, petit à petit, emporté par le suspense, pour savoir le fin mot de l’histoire…

Le dernier tiers est de nouveau de très bonne qualité avec une enquête qui reprend le dessus mais aussi des policiers pris au piège du festival et de la médiatisation des personnages, des fausses pistes qui deviennent sérieuses et réciproquement, avec des restaurants et des soirées bien arrosées, avec les dessous d’une grande télévision qui croit pouvoir imposer sa loi à tous…

Bon, tout cela n’est que fiction car chacun sait que de tels personnages ne peuvent exister que dans les romans !

Mon regard et mon jugement sur ce roman sont mitigés. Je suis persuadé que l’on aurait pu/dû le raccourcir pour le rendre plus dynamique et incisif, plus agréable à lire… Peut-être que le romancier, André Klopmann, lui-même ancien journaliste de télévision, s’est laissé emporter par les aspects de son métier, passionnants pour certains lecteurs, peut-être trop encombrants pour d’autres…

Cela n’en reste pas moins un bon roman de voyage – n’y voyez rien d’agressif et péjoratif – capable d’accompagner le voyageur entre Chalon-sur-Saône et Nancy… une nouvelle façon d’évaluer les polars, en temps de voyage… Attention, entre ces deux villes la vitesse n’est pas celle des TGV !