Dieu, le temps, les hommes et les anges
de Olga Tokarczuk

critiqué par Bafie, le 31 mars 2014
( - 62 ans)


La note:  étoiles
Où le temps et l'espace développent d'autres dimensions.
Le roman débute en 1914 et conte le quotidien de trois générations d'habitants d'Antan, quotidien marqué par deux temps de guerre.
Ce ne sont que petits détails qui nous permettent de fixer ce roman dans le temps, tant ce qu'il nous dit des hommes, des animaux, des lieux, des choses et du monde nous semble intemporel.
Les hommes sont attachants, cruels, sensibles marqués par leur environnement, torturés par le temps et parfois en relation avec l'Univers. Ils sont humains.
Les animaux les accompagnent, les nourrissent et semblent traverser le temps.
Les lieux sont un coin de terre polonaise aux confins de rivières et de bois peuplés d'humains, d'animaux... mais aussi marqués du sceau d'un mystère qui les englobe tous...
La guerre et l'histoire triturent les hommes et façonnent les paysages.
Le temps avance inexorablement révélant à chacun le meilleur, le pire ou l'essentiel de lui-même.
J'ai retrouvé dans ce roman une terre où le merveilleux, le divin et les croyances primitives se côtoient et s’enrichissent mutuellement, ce qui m'évoque l'écriture de Liliana Lazar dans "Terre des affranchis", le roman de Liliana Lazar se déroulait en Roumanie, celui-ci en Pologne. Olga Tokarczuk met en scène son roman dans un pays qu'elle aime et dont elle apprécie sans doute la nature, de même que le faisait Liliana Lazar en Roumanie.
Me viennent aussi en tête d'étranges images : les images de villages abandonnés, dévastés autour de Tchernobyl...
Le monde rural de l'Est se plaît à naître et à prendre vie sous la plume de ces écrivains pour alimenter notre imaginaire.
Un dernier mot cependant avant de clore cette "critique", le récit d'Olga Tokarczuk n'est pas linéaire, il est constitué de petits chapitres révélant chacun un temps de la vie d'un personnage... l'on avance cependant dans la lecture sans aucune difficulté, les pièces du puzzle se sont assemblées sans que je n'aie du fournir aucun effort.
Quelles sont les intentions de l'auteur ? 5 étoiles

Il ne s'agit pas d'un roman incrusté dans une époque pour narrer celle-ci.
La succession des époques : la paix puis la guerre et le retour de la paix servent de point d'appui pour l'évolution des personnalités, des relations.
Le déroulement chronologique de l'histoire est bien présent mais ce qui importe c'est la façon dont les personnages évoluent en fonction de leur âge, de leur vécu, des circonstances.
Par moment, la logique, le raisonnable disparaît pour laisser place à une forme de mysticisme, peut-être de fatalité.
J'avoue n'avoir pas compris l'intention de l'auteur. J'ai été intéressé par cet ouvrage car je pensais qu'il allait traiter de la relation au temps mais sur ce point je n'ai rien trouvé d'enrichissant, d'amorces de réflexion. J'ai plutôt ressenti tout cela comme une sorte de fatalisme permettant d'accepter ce que la vie apporte de difficultés.
C'est le troisième auteur nobellisé que je lis. Seul l'un m'a été accessible. Je ne comprends pas ce qui, dans un ouvrage, conduit à ce qu'il soit reconnu pour un prix Nobel.
Sans m'être vraiment ennuyé, je n'ai pas lu ce livre avec plaisir et je ne comprends pas l'intention. Je l'ai ressenti comme un accompagnement de personnes cherchant un sens à leur vie mais, ne trouvant pas de réponse, se repliant vers un autre monde parfois mystique parfois dénué de raison, tout en n'étant pas de la religion.
Je serais tenté de dire que c'est le thème qui ne m'intéressait pas mais, une fois de plus je n'ai pas compris où voulait aller l'auteur et n'ai pas trouvé quel est le thème de cet ouvrage.
Ou alors elle a voulu parler des conséquences de l'isolement, des conflits et dans ce cas, il existe d'autres ouvrages plus évocateurs.
J'ai toutefois saisi que le mot temps dans le titre, permet de dire "C'est untel qui va parler, c'est son temps". Soit.
Je n'ai pas vraiment pu m'attacher aux personnages qui, pourtant, vivent des situations difficiles, probablement en raison de ces comportements évoquant une évolution vers un repliement sur soi, une sorte de folie, contexte que je supporte mal.

J'ai lu les critiques de lecteurs ayant été séduits par ce livre mais je n'ai pas réussi à trouver l'humour, les nombreuses anecdotes, l'histoire du pays qui y sont évoqués.

Quant au style, je n'y ai pas fait attention, tant la lecture demandait de concentration pour reconnaître les personnages, pour comprendre où l'histoire me conduisait. Cela laisse donc à penser qu'elle n'a pas été un frein et en ce sens, c'est positif.

Je ne le conseillerai pas.
Je ne dirai pas à fuir bien qu'ayant eu un peu l'impression de perdre mon temps et en précisant bien qu'il faut laisser de côté l'esprit cartésien ou l'envie de connaître et comprendre un pays.
Je dirais alors, lisez-le et faites-vous votre propre idée.

Pour moi sur 5 je donnerai 2.5 car l'idée est intéressante, le style s'oublie, l'humanisme transparaît.
Pour le plaisir de lecture, on atteint péniblement un 1

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 6 avril 2022


Un village aux prises avec le temps 8 étoiles

Ce roman possède le charme des textes d’Olga Tokarczuk. Elle possède une façon de narrer qui est assez envoûtante et qui rappelle la voix du narrateur des contes et des légendes. Par conséquent ce roman qui permet de suivre de nombreux personnages sur plusieurs années oscille entre l’univers fantaisiste des contes et un ancrage pourtant historique car les grands événements du XXème siècle sont clairement présents dans ce texte et impactent sur les divers protagonistes. Le roman se focalise sur le village d’Antan et l’on a accès aussi bien à la grande Histoire qu’à la petite histoire, aussi bien au domaine des croyances qu’au quotidien fastidieux plus réaliste des personnages.

Le lecteur suit ces personnages durant toute l’oeuvre. On découvre certains d’entre eux enfants et on voit ce qu’ils deviennent par la suite. Certaines scène sont dures, d’autres empreintes d’une certaine poésie. Derrière ces histoires en apparence simple, Olga Tokarczuk interroge son lecteur. Le roman ne se veut pas purement naturaliste et linéaire. Il invite au questionnement et à l’interprétation comme ces chapitres sur le jeu auquel joue le châtelain Popielski qui ont une portée plus philosophique. Ces chapitres inspirés de la Bible sont quelque peu détournés et proposent un niveau de lecture supérieur, pas toujours aisé à interpréter. Les familles de ces personnages ont des noms aussi qui rappellent ce monde sacré comme les Chérubin, les Céleste … Les anges ne sont pas non plus absents de cet univers. Sans doute, l’un des principaux personnages qui relient tous ces chapitres est le temps qui se décline sous plusieurs formes.

Je sors de ce roman encore sous l’emprise de cet univers. Le lecteur sent qu’il faut aller au-delà des ces simples histoires. Le fait qu’il y ait pas mal de personnages demande de la concentration. Je reconnais en avoir manqué parfois ce qui a nécessité quelques recherches pour retrouver qui sont certains protagonistes. Il est des romans dont on sort et dont ce sont certaines scènes qui restent gravées dans la mémoire, ici c’est plutôt l’atmosphère, une vue plus globale, une façon de conter singulière qui renoue avec certains récits fondateurs à portée universelle malgré l’ancrage en Pologne.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 27 juillet 2021


Déroutant et fascinant 9 étoiles

Il est étonnant, déroutant, ce roman d’Olga Tokarczuk, femme de lettres polonaise ayant reçu le prix Nobel de littérature en 2018, si déconcertant qu’on ne sait pas très bien comment le caractériser. Paru en 1996 en Pologne et en 1998 dans sa traduction française, il est tout à la fois chronique, conte et fable et plus encore. Pour l’apprécier à sa juste valeur, il convient, me semble-t-il, de mettre à distance ses repères habituels de lecteur ou de lectrice, afin de se laisser surprendre et habiter, en quelque sorte, par la perception du monde telle que la propose la romancière dans ce récit.
J’écris « le monde », alors qu’il n’est question, dans ce livre, apparemment, que d’une communauté villageoise. Mais, en vérité, les ambitions assumées du récit dépassent les frontières d’un village pour appréhender le monde entier (ou les mondes). Sur ce point, le titre est sans ambiguïté : il ne s’agit rien moins que de rendre compte non seulement d’une petite communauté humaine, mais des anges, de Dieu lui-même et, plus que tout, du temps qui les enferme tous dans sa prison. Car ce ne sont ni Dieu, ni les anges ni les hommes qui régissent le monde tel qu’il est observé dans ce livre, mais le temps. Tout ici est fonction du temps, toutes les réalités, y compris Dieu lui-même, en sont les prisonniers. Avant de se récrier, ce que plus d’un pourrait être tenté de faire, réfléchissons-y. Si, pour les croyants, Dieu est éternel, cependant, du strict point de vue de la connaissance humaine, Dieu ne se manifeste que dans le temps qui régit l’histoire humaine. De ce point de vue-là donc, c’est-à-dire au regard de la perception qu’en ont les hommes, on peut dire que, tout comme eux, Dieu est prisonnier du temps. « Il est étrange, écrit la romancière, que Dieu, tout intemporel qu’Il soit, se manifeste dans le flux du temps. » Or, c’est précisément parce qu’Il le fait qu’on peut le connaître, qu’on peut en dire quelque chose.
C’est donc le temps qui est le maître-mot de ce roman, c’est lui qui gouverne tout. Tous les chapitres, d’ailleurs, se réfèrent à lui dans leurs titres. Et, dans l’un d’eux, le seul qui soit consacré au temps d’une chienne nommée Lalka, une chienne pour qui, comme pour tous les autres animaux, seul le présent existe, la romancière explicite ce qui distingue les humains de toutes les autres créatures vivantes : « L’homme attelle le temps au char de sa souffrance. Il souffre à cause du passé et il projette sa souffrance dans l’avenir. De cette manière, il crée le désespoir. »
Tous les personnages du roman, les nombreux personnages, apparaissent donc englués dans ce processus qui les conduit de la naissance à la mort, la seule issue pour y échapper momentanément étant le sommeil et, en particulier, le rêve. On a donc affaire, il faut le dire, à un récit fortement imprégné de pessimisme. Néanmoins, du fait que la romancière a fait le choix de lui donner des allures de conte ou de fable, on n’a jamais, ou quasiment jamais, l’impression de devoir lire un texte étouffant ou pesant. Car, tout en préservant un cadre historique, tout en se référant à des événements réels, le récit bifurque volontiers du côté d’un semblant de fantasmagorie.
On peut parfaitement en situer l’action dans l’espace et dans le temps : à Antan, village de Pologne, et dans ses alentours, entre 1910 et 1980. Une période marquée par deux guerres mondiales, dans un pays convoité par ses voisins et, en fin de compte, soumis au régime communiste. C’est dans ce cadre qu’évoluent deux familles, autour desquelles gravitent d’autres personnages, plus ou moins importants : la famille Céleste et la famille Divin (le choix de ces noms n’étant évidemment pas anodin) ! Tous sont ballottés par les aléas des événements plus ou moins tragiques qui se succèdent. Même si chacun est accompagné par un ange (ceux-ci, les anges, ayant aussi leur rôle à jouer dans ce roman, mais un rôle, en fin de compte, modeste), les épreuves ne manquent pas. Il y a pourtant une Vierge que les gens vénèrent, la Vierge de Jeszkotle : elle donne de la force à tous, mais seuls certains en bénéficient, les autres étant incapables de retenir les grâces. Malgré tout, c’est la souffrance qui domine et, bien sûr, surgit volontiers le doute au sujet de Dieu : « Le monde est méchant, dit Ruth, l’un des personnages. (…) Qu’est-ce que c’est que ce Dieu qui a créé un monde comme celui-là ? » Quant au châtelain Popielski, l’un des personnages les plus surprenants du conte, il se perd en conjectures en voyant sa maison ravagée par les cosaques : « D’où vient le mal qui envahit le monde ? Pourquoi Dieu permet-Il au mal de se manifester alors que Lui-même est bon ? ». Le pauvre en reste si chamboulé que, ayant reçu d’un rabbin le cadeau d’un Jeu, il s’y perd au point d’oublier le monde réel. Comme une préfiguration des jeux vidéo d’aujourd’hui qui se substituent, pour certains passionnés, à toute autre réalité. Popielski, lui aussi, ne vit plus que dans un monde virtuel, ou plutôt dans huit mondes, car le Jeu en forme de labyrinthe qui lui a été offert se compose ainsi, chacun des huit mondes se référant d’ailleurs à des épisodes bibliques détournés de leur signification initiale. Un Jeu qui, en fin de compte, se présente comme une supposée allégorie du monde réel, les hommes n’y étant que les prisonniers du temps, tandis que Dieu, même Lui, en est affecté : Il vieillit. « Dieu, écrit la romancière, a voulu être parfait mais il s’est arrêté en chemin. »
Je l’ai écrit d’emblée, ce roman est déroutant. Mais, tout déconcertant qu’il soit, il n’en reste pas moins fascinant dans sa singularité elle-même et, surtout, il pose, il nous pose des questions des plus pertinentes. Peu importe les réponses. Il n’y en a d’ailleurs pas, à proprement parler. Les questions sont légitimes et bienvenues.

Poet75 - Paris - 67 ans - 4 mars 2021


UNE SAGA HISTORIQUE ? OUI, MAIS... PAS QUE! 7 étoiles

«Dieu, le temps, les hommes et les anges », nous raconte l’histoire d’un petit hameau et de ses habitants, quelque part en Pologne, de la Première à la Deuxième Guerre Mondiale. La petite histoire dans la grande en quelque sorte, puisque c’est aussi une saga familiale.

Nous suivons en effet les grands moments de l’histoire de la Pologne, au travers de la vie quotidienne, difficile, des habitants d’une petit village, dans une campagne polonaise très hostile. Plusieurs générations de personnages se succèdent, et nous donnent à voir leurs bonheurs et leurs malheurs, leurs joies et leurs peines, leurs rêves et leurs déceptions, avec comme toile de fond le temps qui passe inexorablement…

La construction de ce livre est très originale avec des petits chapitres très courts qui se suivent. Cela permet la mise en place progressive des personnages et du cadre dans les premiers chapitres, et ensuite leur développement progressif au cours des chapitres suivants.
Cette technique consistant à faire des petits chapitres très courts nous présentant chaque fois le point de vue où l'histoire d'un personnage, n'est sans doute pas nouvelle, mais en tous les cas, très bien employée ici. Ce n'est pas sans me rappeler l’écrivain colombien Gabriel GARCIA MARQUEZ (quand il était au sommet de son art), et notamment pour ceux qui l'ont déjà lu, l'extraordinaire "Cent ans de solitude"!

On ne s’ennuie jamais. C’est très réaliste, parfois très cru et très cruel, - comme les passages sur la deuxième Guerre Mondiale -, mais jamais vulgaire et cela ne tombe jamais dans la banalité du voyeurisme.

Malheureusement, et c’est sans doute mon plus grand reproche à ce livre, vu la vitesse à laquelle les personnages et les chapitres défilent, on ne peut pas vraiment s’attacher aux personnages, et ils ne sont pas très développés ni psychologiquement, ni dans les descriptions d’ailleurs… Dommage, j’aurais bien voulu en savoir plus sur leur histoire et leur vie. Mais, ceci semble très secondaire dans le livre, qui privilégie, le point de vue global, le déroulement et le fond de l’histoire.

Je dois aussi dire qu’en règle générale, je n’aime pas trop les livres qui mixent passages romanesques et passages philosophiques, mais, ici la «fusion» des deux genres est très bien faite, tout en douceur et «capte» bien l’attention du lecteur.

Une fois terminé, que puis-je dire ? Sans doute que c'est vraiment excellent et très bien écrit! Il n’y a pas de doute là-dessus ! C’est construit de façon très originale avec cette succession de petits chapitres (dont le début du titre est le même), bien amené avec une imagination qui frise l’exceptionnel. C’est parfois un peu linéaire, mais bon, je suppose que c’est la meilleure façon de raconter l’histoire de plusieurs familles sur trois générations… Disons que, si ce livre était une BD, j’aurais sans doute dit que le scénario est très pauvre…
Par contre le style ne me paraît pas toujours irréprochable. La faute à la traduction peut-être ? Bon, d’après les critiques, glanées ici et là sur le net, ce n'est pas son meilleur livre, j’attends donc d’en lire encore un avant de me prononcer définitivement sur cette écrivaine!

Rappelons qu’Olga TOKARCZUK (*1962) a gagné à deux reprises le « Prix littéraire Nike » désignant le meilleur livre polonais de l’année en 2008 avec « Les Pérégrins » et en 2015 avec «Les Livres de Jacob ou Le Grand Voyage à travers sept frontières, cinq langues et trois grandes religions, sans compter les petites», et bien sûr elle a été lauréate du Prix Nobel de Littérature 2018.

Septularisen - Luxembourg - 56 ans - 9 mars 2020


Chercher la clé 6 étoiles

Découvert dans le cadre de la lecture commune, ce roman, ce conte, cet "assemblage narratif" m'a de prime abord beaucoup plu de par son univers aux allures de réalisme magique. Je pense à Garcia Marquez ou Boulgakov. L'auteur prend un contexte tragique (1ere et 2eme Guerres Mondiales) et lui colle une vision, une atmosphère rurale imprégnée d'onirisme et de fausse simplicité.
De chapitre en chapitre, les personnages sont présentés, vivent leurs expériences, prennent leur place dans la vie d'Antan. Même si cela n'apparait pas de façon claire, on sent a priori que chacun a son rôle à jouer dans l'homéostasie du système. Hommes, animaux, objets, sont tout autant d'explorations d'archétypes, s'exprimant par images, par un comportement qui leur est propre.

Tant de symbolisme, de mystère dans la façon de revisiter l'histoire tend à nous faire espérer une apogée à tout le moins métaphorique mais surtout philosophique, donnant du sens aux expériences ou aux égarements des personnages. Mais... pas vraiment. Tout nait, vit, meurt, sans que le lecteur sente qu'au final, le "voyage du héros" ne soit vraiment accompli. Tout ça pour ça?

Comme exprimé dans mon partage sur le forum, j'ai trouvé dans ce livre beaucoup de dispersion et, en quelque sorte, une forme de prise de pouvoir littéraire presque déifié de l'auteur sur ses personnages. Elle crée, élabore, trace la carte, se réapproprie l’Histoire pour, dans un univers un peu décalé, permettre des résonances, fait apparaître ou naître ses créatures humaines pour les entraîner vers la dislocation, la dissolution, l’effacement. Elle ose donner un goût de magie de connexion brute à une dimension animale, mystique, pour finalement effacer et laisser s’éteindre dans le dénuement, le désespoir et l’absurdité tous ceux à qui elle avait donné vie. A moins que cela soit une façon de représenter le sentiment d'impuissance et d'absence de sens qu'éprouve une large frange de la race humaine?

Qu’ai-je appris au final ? Pas grand-chose. J’ai pris des photos en chemin, me suis attachée à Isidor et la Glaneuse mais sans excès, et je les laisse à leur effacement avec un petit sentiment de frustration.

Bluewitch - Charleroi - 44 ans - 8 mars 2020