La parole donnée
de Jean Lassale

critiqué par Bernard2, le 30 mars 2014
(DAX - 74 ans)


La note:  étoiles
Témoignage d'un homme de conviction
Lorsque l'on parle de Jean Lassalle, les premières idées qui viennent en tête sont ses coups d'éclat, lesquels peuvent paraître pour le moins farfelus : chanter en plein hémicycle à l'Assemblée nationale, faire une grève de la faim au sein de cette même Assemblée, ou entamer un périple de quelque 6 000 km à pied dans toute la France à la rencontre de la population (ce dernier point ne figure pas dans le livre, qui lui est antérieur).
Jean Lassalle parle, explique, se confie. D'abord il nous parle de son enfance, de la vie difficile dans un petit village de montagne au cœur des Pyrénées. Il nous dit son attachement à sa terre, la lutte permanente pour y élever des brebis. Il nous dit aussi combien il se désole de voir l'urbanisation tuer les campagnes, dénaturer notre France, pourtant si belle précisément grâce à cette ruralité.
Puis il détaille son engagement politique, en expliquant ses actions, qui lui ont parfois valu une totale incompréhension. Comme par exemple sur ce dossier chaud de la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées où on l'a accusé... du contraire même des idées qu'il défendait !
Un long développement est consacré à l'ouverture du tunnel du Somport, voie de communication entre le Haut-Béarn (français) et l'Aragon (espagnol), et où les décideurs ne respectaient pas leurs promesses.
Il nous explique les raisons qui l'ont conduit à cette grève de la faim pour sauvegarder une entreprise et l'emploi dans une vallée menacée de désertification.
On comprend aussi l'attachement et la sincère amitié qui le lient à François Bayrou, et où malgré tout chacun garde sa liberté d'opinion. Avec objectivité, il analyse l'échec du Modem aux élections présidentielles de 2007.
Jean Lassalle se désole de voir l'action politique s'être désolidarisée de la vie économique. Les politiciens n'ont pratiquement plus de pouvoir face aux groupes financiers, groupes pour lesquels l'homme n'est que quantité négligeable, ce qui explique notre inéluctable déclin que rien ne semble devoir arrêter. Dès lors, passer d'un parti sans pouvoir réel à un autre qui n'en aura pas plus n'apporte rien. On le comprend : pour Jean Lassalle l'Homme doit être au cœur du système.
Une personnalité hors du commun, qu'il faut essayer de mieux connaître si on veut la juger. Ce livre nous en donne l'opportunité.
De nombreux passages font référence à des individus, à des lieux, que l'on ne peut que difficilement identifier si l'on n'habite pas cette région. Je me dois donc de préciser que le domicile de Jean Lassalle et le mien ne sont distants que de quelques kilomètres. La lecture en est évidemment grandement facilitée.
Pour terminer, deux extraits de ce livre, qui résument à eux seuls l'esprit que l'on y trouve :
« Durant ce jeûne, je prendrai tout le temps nécessaire pour parler à tous ceux qui pourraient être intéressés par mon sentiment sur quelques faits précis, révélateurs du dysfonctionnement qui depuis longtemps mine insidieusement l'édifice de notre société, la rendant chaque jour plus injuste, inhumaine et pour tout dire effrayante. »
« Je voulais dénoncer les agissements de toutes ces multinationales qui, au lieu de créer de l'emploi et de la richesse, ont choisi de spéculer avec âpreté sur leurs gains de production et leurs profits tandis qu'élus et pouvoirs publics, privés de tout moyen d'agir, les regardent faire sans broncher. »