L'entaille rouge
de Nelcya Delanoë

critiqué par Heyrike, le 18 août 2003
(Eure - 56 ans)


La note:  étoiles
"...lorsqu'il arriva (le missionnaire), il n'avait que la Bible et nous,
nous avions la terre, maintenant c'est le contraire." (Vine Deloria "Peau Rouge")
Dés les années 1650 les Anglais signent des traités qui reconnaissent la souveraineté des tribus indiennes et délimitent les territoires de ceux ci après cessation en échange d'argent, de bien matériels et parfois pour rien. Le premier objectif étant d'agrandir les domaines des grands propriétaires blancs à l'exemple de George Washington qui, avant de devenir le père de la nation Américaine, fait partie de ces propriétaires fonciers avides de terres et prêt à tout pour étendre leurs domaines aussi bien aux dépens des Indiens que des nouveaux immigrants, en les devançant afin d'acquérir les meilleurs terrains, le deuxième
objectif étant d'enrayer des conflits que les colonies n'auraient pas pu contenir, le rapport de force leur étant défavorable à cette époque. Mais rapidement, la guerre d'indépendance aidant, les Euro-Américains n'auront de cesse de vouloir se "répandre" à l'Ouest dans un souci de cohésion national qui nécessite une expansion inéluctable vers les territoires Indiens afin d'accueillir en nombre les nouveaux immigrants essentiels à la stabilisation politique et économique de la toute nouvelle nation.
Bien qu'ayant établi très tôt une ligne de démarcation proclamée "perpétuelle et infranchissable" entre les colonies et les territoires Indiens à l'Ouest du Mississippi, c'est sous l'influence d'hommes d'affaires cupides que le gouvernement Américain repousse constamment celle ci à l'aide de lois et de traités qui, à peine adoptés, sont aussitôt bafoués. Cette pratique est justifiée par "le droit de conquête" qui reconnaît au plus fort le droit d'occuper un lieu, ainsi conquis, et se voit consolidée par la théorie pseudo religieuse de "la destinée manifeste".
En 1830 les Etats Unis d'Amérique vote une loi autorisant la "déportation" des Cherokees vers les territoires de l'Ouest (futur état de l'Oklahoma), ce drame qui fit 4000 morts est connu sous le nom de "sentier des larmes", et s'apparente incontestablement à une épuration ethnique. Cet événement marque le début de la création des réserves, celles ci étant envisagées comme une mesure provisoire dans l'attente d'une solution définitive au problème Indien, en clair leur extinction pure et simple. Malgré tout l'arsenal militaire, politique et idéologique visant à éradiquer les Peaux Rouges, ceux ci sont toujours là et ils tentent désespérément de retrouver leur souveraineté et l'entière possession de leur patrimoine culturel et territorial (voir le livre de Jo‘lle Rostkowski "Le renouveau Indien aux Etats Unis").
Un ouvrage fondamental qui analyse clairement toutes les méthodes infâmes mises en œuvre pour spolier les Indiens de leurs terres, faisant voler en éclat le mythe de la conquête de l'Ouest ainsi que celui des héros fondateurs de l'Amérique, depuis l'arrivée du Mayflower jusqu'à aujourd'hui. Ce livre est une référence essentielle sur le thème de la conquête des terres de l'Ouest et de la naissance d'une nation qui, à défaut d'avoir su réaliser son rêve de liberté autrement qu'en anéantissant des civilisations entières, utilisant tous les moyens coercitifs possibles et inimaginables à l'encontre de celles ci afin de parvenir à créer "un monde meilleur", est condamné pour toujours à conserver les stigmates des horreurs commises au nom de la civilisation telle une "entaille rouge" sang.