La grâce des brigands
de Véronique Ovaldé

critiqué par Killing79, le 29 mars 2014
(Chamalieres - 44 ans)


La note:  étoiles
Portrait de femme
Maria Cristina Väätonen quitte sa ville d’enfance à l’âge de seize ans, et laisse derrière elle une mère folle, une sœur jalouse et un père inexistant. Elle va alors quitter aussi le grand Nord pour Santa Monica, et débuter sa nouvelle vie d’écrivain et de femme libre, jusqu’à…

Véronique Ovaldé signe un joli portrait de femme, ayant fui ses origines pour vivre sa propre existence. Construisant son parcours en totale opposition avec les règles strictes et puritaines imposées par sa mère, elle va se créer une vie autonome et maîtrisée avec son métier, ses amis, ses amours. Jusqu’au jour où son passé refait surface et se rappelle alors à elle, toute la route déjà parcourue de sa jeunesse à aujourd’hui, des marais du Grand Nord aux terrasses de Santa Monica. On suit alors la naissance et le développement d’une nouvelle femme, qui grâce à son caractère a su se débarrasser de son moule d’origine pour se réinventer aux contacts des autres. Mais dans le nouveau monde d’apparence plus libre qu’elle découvre, sa naïveté va la confronter aux pièges de la nature humaine qu’elle va apprendre à reconnaître pour pouvoir vivre dans cette toile d’individualistes.
Sur la forme, Véronique Ovaldé possède un véritable talent de raconteuse d’histoires et j’ai beaucoup apprécié son écriture qui m’a transporté jusqu’au bout. Le petit bémol intervient sur le fond, tant les thèmes abordés me sont souvent étrangers et sont plutôt destinés à séduire la sensibilité féminine. En résumé, j’ai passé un très bon moment ce roman entre les mains, mais il m’aurait sans doute plus touché si j’avais été une femme.
Une autrice, un style, une atmosphère 7 étoiles

Sans revenir sur les remarquables résumés de l’histoire de Maria Cristina, c’est avant tout l’écriture de Véronique Ovaldé qui va agréablement vous surprendre.

Les lecteurs qui apprécient la littérature américaine seront bluffés par le style proposé par l’autrice qui a le don de laisser l’illusion qu’elle serait issue d’une école d’Outre-Atlantique.

On est véritablement transporté par l’écriture de l’autrice dans des univers dérangeants, tantôt celui du Continent nord-américain profond inculte et puritain, tantôt dans celui d’une Californie décadente et perverse.

Certes tout n’est pas parfait, notamment la structure du roman qui aurait pu être mieux agencée, mais cela donne envie de découvrir d’autres ouvrages d’une autrice déjà confirmée.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 14 février 2020


La vilaine soeur 6 étoiles

Une enfance peu enviable, une mère castratrice qui donne la chair de poule, un accident qui laisse sa sœur Meena à jamais handicapée … voilà la triste existence de Maria Cristina, adolescente vivant recluse au fin fond du Canada dont la destinée semble toute tracée. Pourtant, Maria Cristina est parvenue à échapper à ce monde de fou puisqu’elle est aujourd’hui, à trente ans, une écrivaine à succès vivant en Californie. Suite à un appel de Lapérouse de sa mère, elle se replonge dans son enfance et retrace le chemin parcouru.
De nature introvertie et rongée par la culpabilité, elle est partie étudier à Los Angeles à seize ans et dans la foulée, a décidé de raconter sa vie à travers un roman. Des rencontres essentielles lui ont permis d’évoluer et de grandir, comme celle de sa colocataire Joanne ou Claramunt, l’écrivain à succès que l’on peine à cerner sous ses traits de séducteur invétéré. Elle est la preuve s’il en est qu’il est possible d’échapper à son milieu et que la vie n’est pas une fatalité. Véronique Ovaldé nous interroge sur l’influence de l’enfance et l’éducation qui forgent la personnalité de chacun. Je vous invite à découvrir cette belle histoire, celle d’une réussite malgré tout, où le titre prend tout son sens à la fin.

Psychééé - - 36 ans - 22 avril 2017


Une histoire douce-amère 7 étoiles

Au début des années 70, Maria Cristina Väätonen a quitté Lapérouse, une bourgade perdue du grand nord canadien pour venir s'installer en Californie à Santa Monica. Elle a laissé derrière elle une mère dérangée, un père alcoolique et une soeur jalouse et handicapée suite à un accident. Elle s'est installée en colocation avec Joanne, une jeune hippie qui est enceinte. Maria Cristina rêve de devenir écrivain. Pour subvenir à ses besoins, elle accepte un poste de secrétaire auprès de Rafael Claramunt, un auteur célèbre en lice pour le prix Nobel de littérature. Sera-t-il le Pygmalion ou le mauvais génie de la jeune fille ?
« La grâce des brigands » est un roman sentimental dans lequel, comme souvent chez Véronique Ovaldé, les femmes ont le beau rôle, même si elles ont des vies difficiles et se retrouvent souvent dans des situations dramatiques. Maria Cristina est un joli personnage plein de traumatismes et de contradictions auquel on s'attache facilement et qui, à elle seule, maintient l'intérêt pour cette histoire douce-amère. On n'en dira pas autant de Claramunt, le vieux jouisseur qui, après avoir collectionné les conquêtes, se prend d'affection pour cette très jeune fille dont la pureté réanime une sexualité chancelante. Il n'écrit plus depuis longtemps et envisage même un instant de s'approprier le travail de Maria Cristina. Le style de l'auteure est agréable même si celle-ci se permet certaines privautés avec les règles de ponctuation. (Quel besoin de se servir de la virgule en lieu et place des deux points/ guillemets ?) Bien que ce roman reste quelques crans en dessous de « Ce que je sais de Véra Candida », il n'en demeure pas moins de belle qualité et d'un intérêt certain à la condition de se montrer indulgent sur la faiblesse de personnages masculins plutôt caricaturaux.

CC.RIDER - - 66 ans - 16 avril 2014