Bécassine pendant la guerre
de Caumery, Joseph-Porphyre Pinchon (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 31 mars 2014
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Bécassine fait son devoir patriotique
"Bécassine pendant la guerre" est un des quatre albums des aventures de la bonne Bretonne qui s’appuie sur les évènements de la Grande Guerre pour bâtir un scénario, les trois autres sont : "Bécassine chez les Alliés", "Bécassine mobilisée" et "Bécassine chez les Turcs". À l’exception du dernier sorti en 1919, les autres titres ont été pré-publiés dans "La Semainne de Suzette" puis proposés en album durant la période de la Première Guerre mondiale.

Ce titre "Bécassine pendant la guerre" met en particulier en évidence qu’une petite partie de l’Alsace est occupée par les armées françaises durant la totalité de la guerre, il s’agit des régions de Thann, Massevaux et Dannemarie adossées à la partie la plus méridionale du département des Vosges et à l’ensemble de ce qui deviendra le Territoire de Belfort.

Le fils de Mme de Grand-Air, la patronne de Bécassine, est officier ; blessé il a été soigné par une infirmière alsacienne francophile (de la zone "libérée") et Bécassine se rend dans un village des Vosges alsaciennes pour assister au mariage de Bertrand de Grand-Air. Ceci est l’occasion de montrer combien la population alsacienne serait heureuse que l’ancienne province redevienne française. D’ailleurs l’usage du français ne se serait pas perdu car les enfants de ce village ont lu les aventures de Bécassine dans "La Semaine de Suzette".

Destinée à un lectorat de jeunes filles de milieux aisés élevées dans une morale catholique, la propagande prend ici des aspects plus subtils et nettement moins effrayants que dans d’autres périodiques pour les jeunes. Voilà un album qui a toute sa place dans les CDI de collège et lycée pour faire approcher une certaine tonalité de la mobilisation patriotique qui touche les enfants. Si des élèves de cours moyen peuvent s’intéresser à ces aventures, ce sera soit en lecture guidée par un adulte, soit parce qu’ils ont déjà certaines connaissances sur la Grande Guerre.