Grande Guerre : l’image du souvenir en Wallonie
de Pascal Kuta

critiqué par JulesRomans, le 12 mai 2014
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Tiens, voilà du souvenir, voilà du souvenir, voilà du souvenir. Pour les Alsaciens, les Australiens et les Lorrains. Pour la Belges, y en a on ne peut plus, Pour les Belges, y en a on ne peut plus!
Nous sommes ravis de voir traité ce sujet des lieux de souvenir en région wallonne liés à la Première Guerre mondiale et de la façon dont il est présenté. Toutefois comme pour "Sur les traces de 14-18 en Wallonie : la cérémonie du patrimoine", il manque une carte géographique. En effet on aurait aimé une ou des cartes où seraient indiqués la quarantaine de lieux cités. Certes l’ouvrage s’adresse en priorité à des lecteurs belges francophones qui connaissent la Wallonie, mais cet ouvrage a un intérêt international.

En effet dans "Grande Guerre : l’image du souvenir en Wallonie " sont présentés les monuments porteurs de la mémoire de personnes décédées du fait de la Grande Guerre, et les cimetières de civils ou de militaires où reposent pour l’essentiel des Belges, Français, Britanniques (au sens large Anglais et hommes venus de l’outre-mer), ponctuellement peut-être abordée la question de tombes de prisonniers faits par les Allemands comme celles de Russes.

Le livre "Grande Guerre : l’image du souvenir en Wallonie " ouvre sur une série de trois textes qui viennent préciser le sujet, son importance et la façon dont on va le traiter. On parle symboliquement de 100 000 Wallons mobilisés, le nombre de Belges servant sous tous les uniformes (garde civique comprise) doit être de 250 000 durant tout le conflit. Combien de morts de toutes nationalités, liés directement à la Première guerre mondiale, reposent en Belgique ? On peut estimer que le chiffre est sensiblement égal au premier nombre cité.

Le nombre de Belges morts pour la patrie est lui évalué à 44 000. Il faut cire que c’est la Wallonie qui est la première envahie parmi les régions actuelles de la Belgique, pour la raison que c’est la seule qui soit en contact direct avec les frontières allemandes. C’est donc cet espace belge qui va payer quasiment entièrement le prix de massacre des civils (le cas de Louvain est lui en Flandre) dus au fait que les Allemands mettent à tort, sur le compte de francs-tireurs, des coups de feux provenant soit de la garde civile belge, de soldats français ou d’Allemands (la plupart du temps dans un état fortement alcoolisé).

L’ouvrage de Guy Focant (pour les photographies) et Pascal Kuta (pour les textes) nous fait connaître les lieux de mémoire liés à ces tragiques évènements: Liège, Labouxhe (Melen), Namur, Charleroi, Mons, Tamines, Dinant (où de Gaulle combattit en août 1914), Ploegersteert… On note deux chapitres un peu particulier, l’un consacré à l’espace de 1 000 km2 qui d’Eupen à Malmedy fut annexé par la Belgique en 1919 (les villages de ce territoire étaient pour bonne partie francophones avant 1815 et appartenaient soit aux Pays-Bas autrichiens, soit à une principauté enclavée dans ceux-ci) et l’autre aux pigeons utilisés par les diverses armées.

Les photographies ont une dimension artistique aussi forte que l’approche documentaire, elles sont de taille allant d’une demi-page à une double-page, leur cadrage et leur objet varient de façon étonnante. Personnellement ce qui m’a le plus marqué est que la formation de nombre d’anciens cratères dus aux mines a débouché sur la formation de nombreux étangs vers Saint-Yvon, un village entre Armentières et Ypres qui est passé de la province de Flandre occidentale à celle du Hainaut au moment de la définition des régions linguistiques.

Parmi les citations, on remarquera un texte composé par Marcel Thiry pour l’inauguration en 1935 du monument en mémoire d’Apollinaire à Bernister sur la commune de Malmedy (voir http://www.panoramio.com/photo/93623347) citant Claudel parce qu’il avait refusé, en tant qu’ambassadeur de France à Bruxelles, de venir inaugurer le monument en question.