Grand-peur et misère du IIIe Reich
de Bertolt Brecht

critiqué par Jules, le 10 août 2003
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
L'ignoble mécanisme de la terreur
Il s’agit ici d'un tout petit livre de Brecht et non d’une pièce de théâtre. En plusieurs saynètes, l'auteur nous décrit l’univers allemand des années nazies de l’époque d'avant la guerre.
Nous y trouverons des textes d’à peine une ou deux pages, comme d'autres d’une dizaine. Par contre, le nombre des situations évoquées est vaste ainsi que les années pendant lesquelles elles se passent. Cela va de 1933 à 1938.
Nous passons de la délation du père par le fils, aux camps de concentration remplis par les opposants allemands à Adolf. Il nous décrit avec beaucoup d’ironie le mental SS, ainsi que celui des SA. Un simple « Heil Hitler » répondu fait l’objet d’une analyse profonde quant à l'enthousiasme de celui qui l'a prononcé. Ecoutez ce SA : « Je n’ai jamais de soupçons. Un soupçon, c'est ni plus ni moins qu'une certitude. Et alors, gare ! »
Il y a la femme juive qui décide de quitter l’Allemagne et son mari pour Amsterdam, où elle ne connaît personne, uniquement parce que son mari est un médecin haut placé et risque de ne plus pouvoir exercer son métier parce qu’il vit avec elle.
Une scène qui ne manque pas de piquant est celle du juge qui doit trouver quel est le droit en application quant il a devant lui un SS qui a cassé toute une bijouterie appartenant à un Juif et qui en a profité pour voler quelques pièces de valeurs pour lui-même. Oui, il y a vol, mais il a été commis par un SS et au détriment d’un juif… Alors ?. Quid ?.
L'humour est loin d'être absent dans ce petit livre. Ce qui est dommage c'est qu’il n'est pas évident d'en profiter vu que nous savons tous où tout cela a conduit un peuple et le monde.