Le Soupir de l'immortel
de Antoine Buéno

critiqué par Isad, le 11 août 2014
( - - ans)


La note:  étoiles
Bataille homérique
L’action se passe à Paris dans un univers futuriste glauque où tout le monde est devenu bisexuel (avec une dominante), est immortel (d’où un contrôle des naissances qui ont lieu dans une immense fabrique) et vit dans des cellules familiales dont le confort est assuré par une IA parfois encombrante. C’est à suivre les 7 membres de l’une d’elle, celle du prétendant à la présidence mondiale, que le livre s’attache pendant l’épisode de la grippe du soupir H5N9.

Le pouvoir, le rôle de l’euthanasie et du suicide dans un monde où on ne meurt et n’enfante plus de façon naturelle, l’omniprésence de la SS (comprendre sécurité sociale) avec son arsenal de gaz hilarant ou relaxant, le sexe, nouvelle religion, se pratique aussi en public, le non-attachement affectif à une personne particulière comme signe de normalité, le coaching qui rectifie la pensée défiante, tout cela est adroitement confondu avec des manifestations plus militaires et des épisodes guerriers mêlant partisans et adversaires.

La suspicion d’un virus de la grippe créé pour favoriser le camp qui protège les habitants et est ainsi à même de montrer son importance capitale dans bataille pour le sommet du gouvernement est le prétexte pour nous montrer tous les travers de l’âme humaine. Car les « gentils » sont plutôt insignifiants et désignés comme faibles ou naïfs, tandis que les ambitieux, ceux qui désirent quelque chose (quoi que ce soit) sont peints avec cruauté et cynisme, .. ou réalisme.

Il est assez difficile de rentrer dans ce livre car la première partie, sur une cinquantaine de pages, est une plongée dans un jeu vidéo très violent. J’ai même dû avancer mon regard (car il y a quand même 660 pages) pour me convaincre de poursuivre !

Des néologismes et des mots détournés de leur sens courant ponctuent les pages mais on s’habitue assez vite. D’ailleurs, il y a un glossaire à la fin, que je n’avais pas remarqué avant d’y arriver, pour les définir. Un livre qui demande donc une certaine attention au lecteur qui ne doit pas se laisser rebuter par l’aspect malsain (car c’est le sentiment que j’ai eu) du début.

IF-0814-4269