Les réseaux d'échanges réciproques de savoirs : Vers une société apprenante & créatrice
de Claire Héber-Suffrin, Marc Héber-Suffrin

critiqué par Elya, le 28 février 2014
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Une initiative sympathique : les réseaux d'échanges
Connaissez-vous les réseaux d’échanges réciproques de savoirs (RERS) ? (http://www.rers-asso.org/) Il y en a peut-être dans votre ville ! Ces réseaux, constitués en associations loi 1901 ou même sans cadre juridique, s’inscrivent dans la mouvance d’éducation populaire.

Prenons une ville comme Chambéry pour bien comprendre quelle est la particularité de ces RERS par rapport à d’autres associations du même type. Vous pouvez y trouver :
- une Université Populaire, qui propose des conférences et des ateliers sur différents sujets, ouverte à tous
- un Service d’Echange Local (SEL) ainsi que les Accordeurs (un film vient d’être réalisé sur eux : http://france3.fr/emissions/documentaires/… ). Ces deux associations proposent aux personnes d’échanger des services, des savoirs ou des biens avec comme unité d’échange le temps, et non l’argent
- il y a enfin un RERS

La particularité de ce dernier est de ne pas créer d’unité d’échange, celle-ci est à déterminer entre membres. Il y a en plus une volonté affichée, comme l’explique cet ouvrage, de tendre vers plus de « justice sociale ». Le postulat de base est que chacun est à même de proposer un savoir ou une compétence à enseigner à d’autres, quel que soit son âge, sa langue, son niveau d’éducation. Il ne s'agit donc pas d'échanger des biens ou des services (au sens par exemple de faire les courses, aider à un déménagement...) mais bien des savoirs (langue étrangère, réparation de vélo, couture, cuisine, histoire médiévale, entraînement sportif...).

Les deux auteurs retracent, dans ce livre, l’histoire, le développement et les caractéristiques des RERS, qui ont été initialement créés en banlieue parisienne dans les années 70. On a l’impression que cela est rédigé un peu à la va-vite, mais cela parait tout de même extrêmement sain et séduisant comme démarche. Il n’hésite pas aussi à souligner les limites de ce mouvement et les problèmes qu’ils ont rencontré au fil des années, essentiellement économiques, mais aussi liés aux processus de marchandisation du savoir dans lesquels ils ne voulaient pas tomber. Ils évoquent l’importance d’évaluer de manière objective les résultats de cette démarche, mais ne renvoient malheureusement à aucuns travaux expérimentaux (si ce n’est une thèse dont on ne devine pas facilement le contenu, et qui n’est malheureusement pas en accès libre).

Si ce type de réseau vous interpelle, la bibliographie à ce sujet est conséquente.