La révolution des pinceaux
de Josep Busquet (Scénario), Pere Mejan (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 24 février 2014
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Une révolution potache
Le jeune Philippe tente de vivre de la bande dessinée avec une série de cape et d’épée, son rêve étant de pouvoir exprimer sa créativité dans des projets plus personnels. Son ami Gaston, employé dans une maison d’édition et toujours en quête de bons plans, le convainc de l’accompagner chez un richissime aristocrate amateur de BD et à la recherche d’auteurs pour réaliser une œuvre sur ses ancêtres. Le travail est lucratif mais s’annonce passablement ennuyeux. Alors que les deux compagnons discutent de la pertinence d’un tel projet, un incident inattendu va faire basculer le cours des événements. Leur ami caricaturiste Dominique est provoqué en duel par un noble qui s’est senti insulté par ses dessins…

L’idée qu’ont eu ces deux auteurs espagnols de représenter des dessinateurs de BD dans un contexte totalement décalé, celui d’un siècle des Lumières si fictif soit-il, est excellente. L’histoire semble sortir tout droit d’un fanzine alternatif publié par de jeunes gens en révolte contre la politique mercantile des grosses maisons d’édition et surtout la censure des puissants.

On pourra être touché par cette sincérité un peu naïve et l’esprit révolutionnaire potache qui traverse ces pages, dont les velléités humoristiques contrastent avec le tragique de certaines scènes. Sous cette naïveté pointe en fait un rire sarcastique traduisant un inconscient collectif encore marqué par les années tragiques de la dictature de Franco. D’un point de vue formel, le trait noir et blanc hyper hachuré révèle chez son auteur une certaine patte en voie d’affirmation. A cet égard, un des personnages principaux pourrait rappeler un Charlie Brown rembruni par un séjour pas vraiment « comics » dans les geôles franquistes…

Il convient en tout cas d’encourager cette jeune maison d’édition espagnole dont l’objectif louable est d’insuffler au monde entier sa passion de la bande dessinée sous toutes ses formes. Il est toutefois regrettable que cette BD souffre d’une traduction trop littérale et parfois approximative, un paramètre facilement perfectible que les éditeurs auraient fort intérêt à prendre en compte s’ils veulent se développer hors de leurs frontières.