Ballade d'un amour inachevé
de Louis-Philippe Dalembert

critiqué par Jfp, le 23 février 2014
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 75 ans)


La note:  étoiles
funestes séismes
L’Aquila, 2009, 308 morts. Louis-Philippe Dalembert tisse un lien entre ce séisme, qui détruisit la quasi-totalité de cette ville de l’Italie centrale, et un séisme de grande ampleur, survenu trente ans auparavant dans un pays imaginaire, quelque part dans le monde. On pense bien entendu à Haïti (la nationalité de l’auteur) mais celui-ci brouille volontairement les pistes, tant en ce qui concerne les dates que les lieux. Au bout d’un long périple Azaka, rescapé d’un tremblement de terre alors qu’il avait une dizaine d’années, va rencontrer l’amour à l’autre bout du monde, dans ces Abruzzes qui accueillent à grand peine l’étranger "extra-communautaire". À travers ce personnage, solaire, l’auteur atteint à l’universel. Dans ce français d’une qualité exceptionnelle dont il a le secret, il nous fait ressentir les joies et les tourments de ses personnages : Azaka, bien sûr, mais aussi Mariagrazza, l’aimée, si différente mais si semblable par sa force vitale, sa volonté de se battre contre les préjugés, pour que triomphe la vie. Un beau, très beau roman, tragique, mais qui fait chaud au cœur. Merci pour cette leçon de littérature et d’humanisme…
Le malheur frappe toujours trois fois... 6 étoiles

Au village de Cipolle, non loin de l'Aquila dans les Abruzzes italiennes, vit Azaka, un immigré haïtien, arrivé un peu par hasard dans cette région reculée de la péninsule. Il gère un petit magasin de reprographie et vient de se marier avec Mariagrazia, une assistante sociale dans la quarantaine. Le couple, plutôt bien intégré, attend un enfant quand les premiers signes avant-coureurs du cataclysme naturel s'annoncent. En effet, nous sommes en avril 2009, à quelques instants d'un terrible séisme qui va rappeler de douloureux souvenirs à Azaka, rescapé d'un autre tremblement de terre vécu dans l'enfance pendant lequel il resta trois jours enseveli sous les décombres. L'histoire ne serait-elle qu'un perpétuel recommencement ? Une incroyable malchance s'acharnerait-elle sur Azaka ? La terre se montrerait-elle encore plus cruelle que la première fois ?
« Ballade d'un amour inachevé » est un livre qui débute comme un classique roman sentimental puis qui évolue vers la tragédie avant de finir dans un drame social des plus sordides. Les personnages sont sympathiques, bien campés et comme pétris d'humanité. Azaka est un brave homme, serviable, accommodant, aimable, une sorte de philosophe sans frontière. Mariagrazia se présente comme une charmante femme, rebelle et un peu cabocharde, très amoureuse de son mari et atteignant une sorte de plénitude dans sa grossesse. La description de la belle famille italienne avec ses emportements, ses grands gestes et ses déclarations à l'emporte pièce est bien observée quoi que légèrement caricaturale. Plus convenue semble l'intrigue. Dans un tel contexte, il serait étonnant d'arriver à un happy end ! La fin m'a semblé peu originale, très convenue et même un tantinet invraisemblable. Le style de Dalembert, assez agréable dans l'ensemble si on lui passe son utilisation très particulière des temps de la conjugaison, manque un peu de rythme et de fluidité et ne comporte pas le moindre dialogue. A noter également que l'auteur, écrivain confirmé vu le nombre d'ouvrages signés depuis 1982, a bénéficié, pour la rédaction finale de ce livre, d'une résidence d'écriture à la Saline royale d'Arc-et-Senans financée par la région Franche-Comté.

CC.RIDER - - 66 ans - 16 mars 2014