La couleur du souvenir
de Geoff Dyer

critiqué par Pacmann, le 21 septembre 2014
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Génération perdue et réalisme humoristique
Ce magnifique ouvrage évoque les aventures ordinaires d’un groupe d’amis vivant à Brixton, dans la banlieue agitée londonienne. Nous entrons dans le monde des « sans futur » dans les années du thatchérisme, soit des petits boulots, des squats, de la débrouille mais surtout de l'amitié et de la solidarité entre des laissés pour compte, blancs et noirs.

Les mésaventures du héros sont racontées à la première personne et le nom du narrateur n’est jamais évoqué. Celles-ci sont le plus souvent désastreuses, mais le personnage principal sait toujours voir le bon côté des choses et ses propos sont souvent teintés d'un humour de situation, d'ironie, de tendresse et de sensibilité.

Ce roman tragi-comique est en fait davantage une chronique évoquant des épisodes successifs de cette existence précaire pas seulement liée à la crise économique mais aussi à la désinvolture des personnages qui se laissent vivre, soit la bohème à la sauce anglaise.

L’absence d’une trame et la succession d’épisodes pouvant d’une certaine manière être lus indépendamment les uns des autres pourraient cependant lasser certains lecteurs.

Par contre, c'est peut-être aussi grâce à un style peu convenu mais remarquable que le lecteur sera séduit par l’ambiance et l’atmosphère toute britannique qui peut faire penser, à ceux que des références cinématographiques sont plus parlantes, à « Trainspotting », la dope en moins, quoique… .

Malheureusement seuls trois des romans de l’auteur sont traduits en français et cet écrivain engagé est injustement méconnu et sans doute beaucoup trop peu lu en francophonie.

Particularité également de cet ouvrage, les nombreux chapitres de longueur inégale sont numérotés sous forme d’un compte à rebours donnant au lecteur le sentiment d’une issue tragique, qui n'arrive pas.

J’ai emprunté ce livre à la bibliothèque, mais il m’a tellement plu que j’ai bien l’intention d’en posséder un exemplaire et ainsi de pouvoir en relire des passages et le faire partager à d’autres amis lecteurs.