Jean Moulin (Tome 1): La République des catacombes
de Daniel Cordier

critiqué par Veneziano, le 14 février 2014
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Regrouper les clandestins contre l'occupant
Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin, qu'il a connu sous le pseudonyme de Rex, lui consacre l'essentiel de ce livre dont il est le coeur, le sujet s'étendant à la Résistance en elle-même. Il en a été le coordinateur, sur mandat de De Gaulle.
Outre la clandestinité de l'activité bien sûr, les difficultés rencontrées étaient d'ordre partisan et financier. Il a fallu fédérer les mouvements nés ici et là, plus ou moins structurés, et les combiner avec les forces issues des partis politiques mis en sommeil par l'Armistice et les pleins pouvoirs donnés au Maréchal Pétain. L'attribution des subventions et budgets a vite tourné au casse-tête chinois. Son rapport avec De Gaulle, très contesté comme chef naturel du mouvement, la répartition des budgets, la remise en cause latente du rôle-pivot de Moulin, la volonté d'embrigadement et les velléités d'affaiblissement des alliés américains et britanniques sont autant d'éléments qui ont démultiplié les risques, déjà lourdement inhérents, de l'exercice.

Son stoïcisme, ne rien dire, sont des lignes de conduite qui ont forgé son aura, sa fidélité au mouvement et à ses idéaux.

Si ce livre, en tout cas sa première partie, est centré sur Jean Moulin, il reste un spectacle choral impressionniste où un éventail complexe de personnages d'importance est présenté, avec précision et clarté, dans un style presque clinique.
Les choses (m')apparaissent plus claires, y compris l'étendue des zones d'ombres, sur ce qui est su ou non, comme les conditions précises de l'arrestation à Caluire et de la mort de Jean Moulin.
Ce "roman noir" de la résurrection française se lit presque d'une traite, malgré son épaisseur. Il est vraiment très bien, vivement à recommander.