La chute du mur
de Annie Cloutier

critiqué par Libris québécis, le 30 janvier 2014
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Du mur de Berlin au World Trade Center
En 1989, Liv Simard est une fille de 16 ans, qui mène une vie terne à Notre-Dame-des-Laurentides. Pour s’aiguillonner, elle participe à un échange international. Du jour au lendemain, elle est transplantée à Norderstedt, une ville hanséatique de l’Allemagne. Quel contraste ! Elle se refuse à la vie spartiate de sa famille d’accueil au point de précipiter son retour au Québec peu après la chute du mur de Berlin. Événement jumelé à sa défloration par un jeune, qui l’a violée chez une amie, où Liv s’était rendue pour se soustraire à une sortie scolaire.

L’auteure trace avec crédibilité, le portrait d’une jouvencelle confrontée à des sentiments qu’elle ne parvient pas à déchiffrer. Comble de malheur, en revenant au pays, ses parents se séparent ! Elle suit donc son père à Longueuil. Elle y habite jusqu’à la fin de ses études. Études qui la conduisent à Jersey City comme traductrice pour l’ONU en même temps qu’elle devient mère d’une enfant dont le père ignore l’existence. Sa vie est une suite de malheurs qu’elle assume à cause des responsabilités qu’elle n’a pas su exercer en raison de son jeune âge.

C’est par ce biais que le roman revêt son importance. Avec les événements de l’Histoire, l’auteure construit une allégorie, qui entraîne son héroïne à transcender sa déveine en démolissant les murs, dont elle s’est entourée afin d’accéder à ce qu’elle recherche, soit la fraternité et l’amour. C’est la raison première de son établissement dans la région new yorkaise, où, à son tour, sa fille Sabine est secouée par un événement marquant, en l’occurrence l’effondrement des tours du World Trade Center. Comme sa mère, elle tente de se reconstruire pour échapper à cet acte terroriste qui ébranle les valeurs américaines auxquelles elle adhère. Le parallèle entre la mère et la fille démontre, peu importe les générations, que l’âge de la majorité n’est pas expédié avec la maturité. Elle arrive à point nommé si l’on se sert des malheurs de l’Histoire pour éviter les sentiers autodestructeurs.

L’auteure a exploité la comparaison entre deux femmes qu’elle suit en alternance pour juxtaposer leurs parcours de marathoniennes. Procédé ennuyeux, mais l’authenticité protège ce roman populaire de qualité sur la genèse douloureuse dans laquelle s’enracine toute vie adulte.