Mentir
de Eugène Savitzkaya

critiqué par Nathafi, le 10 mars 2015
(SAINT-SOUPLET - 57 ans)


La note:  étoiles
Il n'est pas bon de mentir...
Mentir...

C'est, d'abord, un univers, une ambiance assez oppressante, le pré, puis la maison, où une femme tourne, retourne, se détourne, contourne... Elle cherche quelque chose, elle a mille idées qui lui passent par la tête, des phrases l'accompagnent, telles des obsessions, épurées d'abord, retravaillées ensuite, avec un ou deux éléments ajoutés, pour en raconter un peu plus à chaque fois. Cette femme, est-elle malade ? Nul ne le sait. Elle s'épuise à chercher, partout, on ne sait quoi, avec un sentiment de révolte sous-jacente, elle se rebelle, affronte, qui, quoi ? On ne sait pas.

Et puis, il y a le narrateur, un de ses enfants, qui raconte ce mouvement perpétuel, las de la voir tourner sans arrêt, on le sent prêt à l'aider, puis il s'écarte, il préfère ne pas intervenir.

Et les images du passé reviennent, des instants volés, parfois touchants, des sentiments refoulés apparaissent, comme si ces deux-là ne savaient pas se parler, se dire les choses, alors qu'au fond, ils s'épient, se guettent, se tiraillent du regard.

Tout cela avec beaucoup de poésie, des arrêts sur images, des couleurs, des odeurs, des sensations étranges, comme si le lecteur la voyait tourner aussi, cette femme, jusqu'à s'inquiéter pour elle, car, au fond, ne sommes-nous pas aussi parfois gênés par des émotions, des sentiments, lors de situations qui nous échappent, où l'incompréhension s'installe et quand le contact est rompu ?

Il n'est pas bon de mentir, ni de se mentir...