L'enfant prodige

Quand il a 5 ans, une gitane annonce à la mère de Konstantin que son fils a un don au piano et sa vie de musicien est amorcée. Le livre commence à Sofia en Bulgarie en novembre 1987 et finit en novembre 1989 et raconte la vie d’un jeune talentueux musicien de 15 à 18 ans. Trois thèmes principaux soutiennent ce journal intime : la musique, la politique et les filles/le sexe.

Dans le conservatoire de musique s’offre une reproduction de la société bulgare en micro-cosmos. Les élèves qui restent et qui tiennent les concours ne sont pas les plus talentueux mais souvent « les robots du régime ». La concurrence des classes sociales ne se fait pas par le talent mais l’aptitude à se fondre dans le moule. Dans un dialogue page 71, une élève lui demande « qu’est-ce qui est plus malin ? Se mettre devant le rouleau compresseur et finir écrasé, ou faire un pas sur le côté pour l’éviter ? »

L’auteur arrive visiblement à lier l’écriture avec le rythme et l’analyse des pièces musicales qu’il joue. Pour une humeur agressive ou en mode séducteur, il choisit les morceaux qui correspondent et note ses chapitres en fonction. Parallèle au roman, une bande originale du livre a été créée sur sa page internet. Il arrive à décrire ses sentiments expulsés dans la musique par le moyen de l’écriture et ouvre au lecteur une envie soudaine de Bach ou Brahms.

Dans le cas de Konstantin, la musique et le sexe sont vécus comme des échappatoires au système qui ne lui correspond pas. Ainsi, les aspirations à la liberté finissent pour les élèves les plus doués souvent en folie ou en suicide : deux méthodes aussi radicales qu’une fuite.
Quand, virés de l'école, ils se retrouvent sans avenir, ils doivent se reconstruire, se re-définir et se reconnaitre dans le miroir quand on ne finit pas célèbre et reconnu. Dans une dispute avec son père page 149, il lui dit « J’aimerai bien te voir alors, quand tu seras devenu un pochard magnifique avec son avenir derrière lui ! ». Là, je pense qu’en 1988, dans une Bulgarie communiste, la menace d’être viré du conservatoire, peut correspondre à la fin de sa vie. Mais, 25 ans plus tard, le pochard aura remonté la pente et prouvé que l’écriture est une forme exutoire, tout comme la musique.

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  Wunderkind [Texte imprimé] Nikolai Grozni traduit de l'anglais par France Camus-Pichon

  de Grozni, Nikolai Camus-Pichon, France (Traducteur)
  Plon / Feux croisés (Paris)
  ISBN : 9782259218184 ; 21,50 € ; 29/08/2013 ; 321 p. ; Broché

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