Les singes de Gandhi
de Patrick Roy

critiqué par DomPerro, le 13 janvier 2014
( - - ans)


La note:  étoiles
« Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire. »
(Lors de votre dernière promenade dans une librairie québécoise, vous avez peut-être remarqué un magnifique petit coffret rouge de dix recueils de courtes histoires. Ces dix titres de la nouvelle série de poche Nova viennent souligner les 10 ans des éditions Le Quartanier.)

Auteur de La Ballade de Nicolas Jones en 2010, Patrick Roy signe Les Singes de Gandhi, composé d'une soixantaine de pages, qui retrace le récit de voyage d'un mois en Inde avec Pascale, sa copine, de Mumbai à New Delhi.

Le ton de cette histoire se veut personnel, mais avec une tension plus ou moins avouée, comme si une possible catastrophe allait interrompre ce jeune couple de trentenaires en voyage au pays de Gandhi.

Ce qui distingue surtout ce texte, c'est cet amas grouillant d'images, de personnages anonymes et de sensations fortes qui fait de l'Inde un pays tellement imaginaire, à la limite de l'impossible.

Les chauffeurs de touktouks qui se disputent des clients à une gare, le vendeur acharné de chaï, les mendiants culs-de-jatte qui s'accrochent à vos pieds pour de l'argent, les chiens maigres, le doute constant de se faire arnaquer, la fête de Diwali ou, pour reprendre les mots de l'auteur, cette ''fatigue remplie de gratitude'', tous ces détails réalistes susciteront certainement l'intérêt du futur voyageur, autant qu'ils feront sourire celui qui a déjà effectué un séjour en Inde.

Par contre, on peut reprocher à l'Inde certains éléments, d'ailleurs ce livre en souffre en partie, et c'est cette distance, cet espace de protection parfois nécessaire, qui sépare le Blanc en visite des véritables Indiens, ceux qui sont beaucoup plus rares ou invisibles et qui n'effectuent aucun calcul lors d'une rencontre ou d'un échange.

''L’admettre me déçoit, mais j’ai mieux compris les bêtes que les hommes depuis mon atterrissage à Mumbai.'', constate le personnage principal.

Mais il n'est pas toujours nécessaire de tout vouloir comprendre...