Les Soirs rouges de Clément Marchand

Les Soirs rouges de Clément Marchand

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Libris québécis, le 13 juillet 2003 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 9 étoiles
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Urbanisation du Québec des années 1930

Cette oeuvre poétique rappelle que le passé rural est bien terminé. L'affirmer en 1947 était un sacrilège. Tous nos gouvernants et l'église avaient prédit que le Québec ne serait voué qu'à l'agriculture.
Et pourtant Marchand le proclame : « Fermons les portes, retournons vers la ville qui broiera notre ennui sous ses dents de métal. » Il avait bien vu qu'il n'y a pas de retour en arrière. La campagne ne sera plus qu'une « amère souvenance ». On vivra désormais « la vie amère des cités », et nos muscles nourrirront « la rage des machines ». C'est « la puissante attraction des nouveaux mythes. » L'alcool et les allégresses sales resteront la mince consolation des « rois déchus ». En fait, on perd sa liberté en ville et on récolte des problèmes parce que « la ville de mensonges nous immole sur l'autel des riches » Nous sommes un «peuple violé par une ville-monstre ».
Dans une deuxième partie, l'auteur rappelle les bonheurs perdus de son enfance. Après le mariage, le mal se glisse dans l'âme. Et la fleur éclose devient une fleur malade. On s'est laissé abattre par les soucis de la vie et le coeur meurt de lâcheté. Les enfants sont partis à la ville se river au sort dont ils ne sont pas les maîtres. Ceux qui rêvaient d'être forts sont morts à la fenêtre de leur ennui.

Clément Marchand décrit le drame du Québec qui s'est industrialisé à une époque très difficle, soit lors de la crise de 1929. La décennie des années trente fut cruciale et fatale pour certains. C'était le début d'une longue marche que les autorités ont bien essayé d'enrayer, mais l'appât du gain et les bonheurs factices ont conduit les Québécois à la ville et dans les .tats de la Nouvelle- Angleterre, où se sont établis 500 000 des nôtres pour contrecarrer les effets du manque à gagner.

Avec des vers simples, Clément Marchand a réussi un tour de force, soit celui de créer la poésie des temps nouveaux, la poésie d'une société en devenir, mais une société qui allait connaître des « soirs rouges » pour un peuple qui s'étiole dans les villes enfumées.
Respectueux de la versification, ce poète a su écrire une oeuvre sociale, d'autant plus crédible qu'il fut un témoin privilégié de l'urbanisation du Québec. En lisant son oeuvre, on peut penser aux Temps modernes de Chaplin ou encore aux Villes tentaculaires d'.mile Verhaeren.

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