Les ombres de Vincent Zabus (Scénario), Hippolyte (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Adultes , Bande dessinée => Légende, contes et histoire

Critiqué par Pucksimberg, le 11 janvier 2014 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans)
La note : 10 étoiles
Visites : 3 629 

Sublime

La bande dessinée s'ouvre sur un petit personnage assis à un bureau, éclairé par une ampoule qui ne parvient pas à éclairer toute la pièce. A la manière des comédiens de l'antiquité, il porte une toge et un masque, dans une position qui évoque l'accablement. Il est tourmenté par de grandes ombres qui l'interrogent et le forcent à être honnête durant l'interrogatoire auquel il doit se soumettre : on le questionne, on lui demande de raconter son histoire, celle d'un homme qui a dû quitter son petit état envahi par des êtres redoutables, intéressés par des richesses souterraines, qui ont massacré la population. Ce petit personnage a réussi à fuir avec sa petite sœur, tout en cherchant un passeur qui leur permettra de gagner une terre plus charitable. Sur le chemin, d'autres personnages en partance seront rencontrés.

Cette fable est particulièrement réussie. Il est question d'exil, de grandes puissances prêtes à tous les carnages pour s'enrichir ( pétrole ? or ? matières premières ? ... ), d'immigration avec des passeurs qui s'enrichissent sur le malheur des hommes ... Tout ceci est évoqué par des dessins naïfs au pouvoir évocateur, par une dramatisation des vignettes, par des couleurs qui passent du noir total au jaune incandescent du désert. Les auteurs jouent avec des symboles qui donnent de la force à cette épopée. Le passeur est un serpent sournois, viennent aussi les sirènes qui envoûtent et trompent, la patron-ogre qui exploitent les immigrés ... Cette oeuvre est magnifique et riche. Avant d'être un roman graphique, ce roman graphique était une pièce de théâtre. Malgré d'énormes différences thématiques, il y a un petit peu du "Petit prince" de Saint-Exupery dans cette fable. Cet univers symbolique semble emprunter parfois à Hayao Miyazaki pour ces personnages aux formes impossibles, alors que l'ogre rappelle le trait et les couleurs des oeuvres de Georges Grosz.

Ce roman graphique est touchant, juste et captivant. Il est difficile de s'en détacher. Une fois terminé, l'on aurait presque envie d'en recommencer la lecture.

Une merveille.

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