Compère Guillery, bandit du Poitou
de Jean Lavallée

critiqué par JulesRomans, le 9 janvier 2014
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Guilleri buveur de trouspinette, mangeur de mogettes et ventre à choux !
Les chansons passées dans le folklore enfantin (ou non), en faisant référence de façon explicite à un personnage historique ne sont pas légions. Elles ont par contre assez souvent rapport avec un bandit ou un révolté, l'on pense à Mandrin (pour un auditoire adulte) et à Jean Petit (pour un public d'enfants). L'ouvrage "Ainsi danse Jean Petit - La révolte des croquants du Rouergue"  de Josef Ulla nous plongeait au milieu du XVIIe siècle avec le début du règne de Louis XIV.

Avec "Compère Guillery, bandit du Poitou", nous sommes à la fin du XVIe siècle et au tout début du XVIIe sous le règne de Henri IV, le grand-père du précédent. Philippe Guillery, né au lieu-dit les Landes sur la paroisse de Boulogne (entre La Roche-sur-Yon et Le Puy-du-Fou), est au service des ligueurs. Il participe ensuite à la guerre de Henri IV contre le duc de Savoie, le royaume de France y gagnant la Bresse, le Bugey et le Pays de Gex (mais pas la principauté des Dombes).

Pendant environ cinq ans, Philippe Guillery, écume avec ses deux frères, le Poitou (mais pas seulement, poussant même jusqu'à Rouen et Bordeaux) à la tête d'une bande de quarante voleurs et se moque des autorités, ceci avec la complicité des autorités locales. Guillaume Guilleri, fils de Philippe Guilleri, se fait attraper et est roué. Après son exécution, Philippe s'enfuit à Bordeaux où il se déguise en marchand de vin. Reconnu au bout de deux ans, il envoyé à La Rochelle pour y être roué de coups (1608). Les derniers bandits de la bande seront arrêtés en 1612.

De la légende qui l'entoure naît la comptine qui débute ainsi :

"Il était un p'tit homme
Qu'on appelait Guilleri Carabi
Il s'en fut à la chasse
A la chasse aux perdrix
Carabi, Titi, Carabi, Toto,
Carabo, Compère Guilleri
Te lai'ras-tu, te lai'ras-tu mouri".

Il est à noter que le personnage Guilleri est complètement oublié aujourd'hui en Bas-Poitou, alors que c'est là qu'il se cachait. Par contre le souvenir de Marion du Faouët, native de Bretagne (mais agissant un siècle et demie après) est resté dans les mémoires et est même en partie identitaire pour les Bretons.

Si pour Marion du Faouët et Jean Petit, les adaptations de leur vie en roman historique pour la jeunesse ont été faites et plutôt très bien, il reste à produire celle de Philippe Guilleri. Comme dans l'ouvrage que nous critiquons l'identité réelle de Guillery est présentée de façon confuse, le lectorat adulte pourrait lui aussi apprécier d'avoir un ouvrage où on commence par lui dire qui il est vraiment au lieu de le promener sur de fausses pistes.