Dressez haut la poutre maîtresse, charpentiers : Suivi de Seymour, une introduction de J.D. Salinger

Dressez haut la poutre maîtresse, charpentiers : Suivi de Seymour, une introduction de J.D. Salinger
(Raise high the roof beam, carpenters and Seymour an introduction)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Benson01, le 1 janvier 2014 (Inscrit le 26 mai 2012, 27 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 012ème position).
Visites : 4 806 

En l'honneur de Seymour Glass...

Ce livre est composé de deux récits. "Dressez haut la poutre maîtresse, charpentiers", qui n'est, soit dit en passant, pas une histoire de charpente, et "Seymour, une introduction".
Ces deux écrits sont narrés par Buddy Glass, qui vient pérorer ici sur les membres de sa famille (comme dans Franny et Zooey d'ailleurs, la famille Glass est au centre de l'œuvre de Salinger si je ne me trompe pas...) et plus particulièrement de son frère Seymour.

Dans "Dressez haut la poutre maîtresse...", Buddy voyage dans le but d'assister au mariage de Seymour. Ce dernier est un personnage d'une grande intelligence et qui a facilement tendance à ne pas se sentir heureux. Pendant que Buddy transite, il vient à rencontrer plusieurs personnes qui souhaitent eux aussi assister au mariage, et qui ont entendu parler de Seymour comme d'une personne associable, de psychologiquement dérangée etc... Ainsi les cancaniers se mettent à dénigrer Seymour devant les yeux de son frère qui fait l'effort de rester de marbre. On aura aussi, quelque part, droit à une réponse de Seymour à propos de ces médisances.
Ce récit est particulièrement intéressant car on y voit plusieurs points de vue différents sur une seule personne. Cela nous montre comment, selon notre proximité avec cette personne, notre point de vue peut se permettre d'avilir l'image de celle-ci, ou de l'embellir. C'est du moins comme ça que j'ai vu les choses... Une drôle de leçon...

Dans "Seymour, une introduction", Buddy pérore longuement et facétieusement sur le profil et la façon d'être de son grand frère. Il y présente un homme amoureux de la poésie, altruiste, infatigable, intelligent, et toutes ces qualités qui nous brouillent toujours plus sur les circonstances de son suicide. Car Seymour Glass s'est donné la mort. Chose qui pousse le narrateur, d'ailleurs, à écrire autant sur la personnalité de son frère. Mais simplement sa personnalité. Et sur le coup, Salinger dévoile un style d'écriture assez pompeux disons, pas inintéressant mais long et harassant parfois. Ce récit se fait, pour moi, moins percutant que le premier même s'il reste toutefois fascinant, dans le sens où je n'ai jamais lu un portrait aussi sincère.

Je regrette un peu que Salinger ne nous ai pas livré au moins un petit roman qui aurait été narré par Seymour sur les circonstances de son suicide (ce n'est pas par sadisme que je dis ça ; en fait je pense que l'épopée de la famille Glass en aurait été plus complète).

Bref, bonne lecture.

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Après l'Attrape-coeur

7 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans) - 2 novembre 2018

Dans ce recueil Buddy, quatrième enfant de la famille Glass, raconte son frère aîné, Seymour, et les faits les plus marquants de sa vie avant qu’il se suicide en 1948. La famille Glass, famille de comédiens retraités d’une troupe qui proposait des spectacles lors de tournées, a été dispersée en 1942 après l’entrée en guerre des Etats-Unis, les plus âgés ont été mobilisés, la plus grande des filles Boo Boo a intégré les « waves », les plus jeunes l’étaient trop pour participer au conflit. Dans la première nouvelle, Buddy raconte le mariage raté de Seymour. Seymour celui dont on parle à longueur de pages et qui n’est jamais là. Le narrateur le décrit physiquement, dans ses moindres gestes, humeurs, actions et réactions, sentiments et émotions. Celui que l’auteur réinvente pour le faire revivre après on suicide.

Dans la première nouvelle Buddy raconte comment, en 1942, alors qu’il était hospitalisé, il était le seul membre de la famille à pouvoir assister au mariage raté de Seymour qui ne s’est pas présenté à l’office semant le trouble parmi les invités. Buddy rapporte les réactions d’une fille d’honneur, de son époux et d’une tante de la mariée en sa présence et celle d’un petit homme sourd et muet en un huis clos dans un taxi. Les deux femmes accablent de leur vindicte rancunière le fiancé défaillant, l’accusant des pires turpitudes à l’encontre de la sainte fille délaissée. A travers ces diatribes, Salinger décrit les travers de la bourgeoisie new-yorkaise obsédée par son image et sa fortune, les risques des mariages entre gens de conditions différentes, et la vision du mariage par les jeunes américains au cours des années quarante.

Dans le second texte du recueil, Buddy évoque son frère devenu célèbre comme tous les autres membres de la famille après avoir participé à un feuilleton radiophonique auquel les parents conviaient régulièrement leurs enfants. Il le décrit avec la plus grande minutie, interpellant régulièrement les lecteurs pour s’assurer qu’ils le suivent bien. Il avoue son admiration sans borne pour ce frère qui était toujours plus que lui, qui avait toujours plus que lui, qui savait toujours plus que lui. Un frère qui avait tous les défauts de ses immenses qualités, un frère hypersensible qui aurait pu être Holden de l’Attrape-cœur. « Des gens - … - m’ont demandé si le jeune héros de l’unique roman que j’ai publié jusqu’ici n’était pas un portrait tout craché de Seymour ». Un frère qui était surtout un bien meilleur poète que lui, le professeur de littérature, et qui était un véritable prophète. « Le vrai peintre et le vrai poète ne sont-ils pas des prophètes ? »

Ce texte est aussi une évocation de l’acte d’écrire, Salinger s’interroge, interroge les lecteurs, propose, suggère, affirme ce qui pourrait sous-tendre l’art littéraire, notamment le poésie, l’art de traduire des idées, des images, des sentiments, des faits, …., par des mots qui sonnent comme une musique. L’art que Seymour maitrisait comme lui, avec son texte chirurgical, maitrise l’art de transmettre son hypersensibilité à ses lecteurs. Seymour, le personnage qu’on ne connait qu’en creux, pourrait être Buddy lui-même confiant ses angoisses et ses émotions, Holden Caufield quelques années après ses trois jours de divagation new-yorkaise ou peut-être encore Salinger lui-même face à ses anxiétés et à sa feuille blanche.

Le fantôme de Seymour Glass

7 étoiles

Critique de ARL (Montréal, Inscrit le 6 septembre 2014, 38 ans) - 27 décembre 2016

"Dressez haut la poutre maîtresse, charpentiers et Seymour, une introduction" est composé de deux novellas parues dans le New Yorker en 1955 et 1959 respectivement. Elles ont en commun le narrateur Buddy Glass et le spectre de Seymour, son frère suicidé sur lequel il ne cesse jamais de discourir. Ma relation avec ce livre est particulière; "Dressez haut..." est mon texte préféré de Salinger, mais "Seymour, une introduction" est celui que j'apprécie le moins. Le premier déborde de la verve agréable de l'auteur, est riche en dialogues comiques et en personnages colorés, alors que le second se caractérise par une écriture pompeuse et une absence quasi-totale de trame narrative.

"Seymour, une introduction" nous en apprend finalement assez peu sur ce personnage, dont la mort fait qu'il plane au-dessus de l'oeuvre de Salinger plus qu'il n'y participe. "Zooey", paru en 1957, laissait entrevoir un Salinger qui se perd dans l'amour inconditionnel qu'il ressent envers ses créations. Il semble que deux ans aient suffi à ce qu'il se regarde écrire avec complaisance sans souci pour son lectorat. "Seymour, une introduction" est un long discours en apparence interminable sur la religion, la famille Glass, la poésie et la philosophie orientale. En eux-mêmes, les sujets abordés ont du potentiel. C'est le style ampoulé adopté par Salinger qui rend la lecture irritante, ainsi que la fâcheuse habitude de l'auteur à sur-encenser son personnage au point de lui faire perdre son humanité.

"Dressez haut..." est facile d'approche, drôle, touchant et admirablement bien écrit. En revanche, "Seymour, une introduction" teste la patience des adeptes les plus dévoués de l'écrivain. C'est donc un étrange recueil Frankenstein qui nous est ici proposé.

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