La maladie comme métaphore
de Susan Sontag

critiqué par Paofaia, le 26 décembre 2013
(Moorea - - ans)


La note:  étoiles
Une autre approche..
Lecture ancienne, et trop complexe à reprendre pour faire un commentaire très construit sur cet essai dense et passionnant, mais la présentation de l'éditeur le fait très bien:

Kafka pensait que la tuberculose était le " germe de la mort ", Georg Groddeck affirmait que " ce qui n'est pas fatal n'a rien à voir avec le cancer ". A partir des métaphores suscitées par le cancer, Susan Sontag analyse aussi bien les sources médicales et psychiatriques que les textes littéraires, de l'antiquité aux temps modernes, de Keats, Dickens, Baudelaire, James à Mann, Joyce, Mansfield et Auden. Battant en brèche la théorie du XIXe siècle qui suppose un type de personnalité prédisposé psychologiquement à la tuberculose, elle examine, et conteste les interprétations psychologiques de notre siècle qui ne sont qu'un spiritualisme sublimé. Elle démystifie les fantasmes idéologiques qui démonisent certaines maladies et, par extension, culpabilisent les malades. En observant la rhétorique qui s'inspire de l'art militaire dès que les théoriciens de la politique (de Machiavel à Hitler, en passant par Nietzsche, Marinetti, Gramsci et Trotski) emploient l'imagerie de la maladie, Susan Sontag dénonce dans un essai aussi vif qu'argumenté cet abus de langage qui ferait de la maladie une métaphore.

Je ne pouvais qu'être intéressée.. et j'ai complété avec la lecture de: Le sida comme métaphore , qui est venu actualiser- hélas- les images inconsciemment véhiculées des maladies,en particulier dans la littérature.
Juste un mot sur la justesse d'analyse de Susan Sontag à propos de la différence entre tuberculose ( à l'époque où la tuberculose tuait le plus souvent) et cancer. La tuberculose apparaissait comme une maladie "romantique". Presque à la mode.. La dame aux camélias toussotant dans un mouchoir immaculé, avec quelques petites taches rouges,voilà l'image de la tuberculose. Et presque son attrait:

Dans la version romantique de la mort, les malades se singularisent par leur mal qui leur confère un attrait supplémentaire. "Je suis pâle",disait Byron devant son miroir. "J'aimerais mourir de consomption." Pourquoi? demanda un de ses amis qui lui rendait visite à Athènes en octobre 1810.
"Parce que toutes les dames de la société diraient: " Voyez ce pauvre Byron comme il a l'air intéressant en mourant."


Pour le cancer, Susan Sontag aborde longuement les fameuses théories du malade qui crée sa maladie. Rien de nouveau, dans l'Angleterre ravagée par la peste à la fin des XVIème et XVIIème siècles, il était communément admis que l'homme heureux n'attrapait pas la peste. Ben voyons..