Toussaint joue Louverture face à Napoléon qui joue l'offensive

L’ouvrage apporte des éléments extrêmement nouveaux sur la partie de la vie de Toussaint Louverture où l’homme n’est pas encore rentré dans l’histoire. Toussaint Bréda a pour père Déguénon, un ancien dignitaire du royaume d'Allada (au sud du Bénin actuel) ; ce dernier a été vendu comme esclave vers 1741 après que le roi du Danhomè se soit emparé de cet entité.

On apprend qu’un petit esclave de Saint-Domingue, affranchi à un peu plus de trente ans, marié deux fois, vivait modestement auprès d’une sucrerie. Louis-Pantaléon, comte de Noé (né en 1728) aux origines familiales à chercher dans l’Armagnac, revient en Haïti en 1769 après avoir servi comme officier durant la Guerre de Sept ans ; il a perdu un bras à la bataille de Minden en 1756.

Louis-Pantaléon de Noé va rester six ans à Saint-Domingue et c’est Bayon de Libertat (administrateur des domaines de Louis-Pantaléon de Noé) qui affranchit le futur Toussaint Louverture à une date voisine de 1775 (que l'on ne connaîtra jamais précisément), suite à une affaire d’épidémie dans le bétail où on soupçonnait à tort une action du poison. Toussaint (encore Bréda) est ensuite à la tête d’une exploitation de café, évidemment travaillée par une douzaine d’esclaves.

Dans le contexte de la Révolution française, Toussaint Louverture va devenir général puis gouverneur à vie de son île (il fait la conquête de la partie espagnole de Saint-Domingue), jusqu'à ce que Bonaparte envoie une armée commandée par son beau-frère le général Leclerc. Jean-Louis Donnadieu revisite cette période déjà connue en s’interrogeant sur les intentions politiques de Toussaint Louverture, relativisant l'idée qu'il fut un Spartakus noir.

L'année 1802 est marquée par le rétablissement de l’esclavage et l’arrestation de Toussaint Louverture, qui décède en exil le 7 avril 1803 au fort de Joux en Franche-Comté. C’est son ancien lieutenant Jean-Jacques Dessalines qui proclame l'indépendance de la République le 1er janvier 1804. Il est à noter que les conditions de rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises font l'objet d'une étude de 10 pages dans "Histoire de l'esclavage" aux éditions Feuillage, sous la plume de Jean Ètévenaux, titre qui est sorti en 2014.

"Le Napoléon noir" est un mot de Chateaubriand, tiré de ses "Mémoires d’Outre-Tombe". "Toussaint Louverture : le Napoléon noir" était déjà le titre d’une BD sortie en 1985 chez Hachette, le titre est maintenant un ouvrage d’historien largement illustré par de l'iconographie en couleurs et où quatre cartes géographiques (dont une sur une partie du continent africain) sont proposées. .

Ce titre de Jean-Louis Donadieu pourra être lu (y compris par des adultes) en prolongement du très bon ouvrage vulgarisateur "Toussaint Louverture, l'arbre noir de la liberté" d'Yves Pinguilly. Dans ce documentaire, on trouve l’intégralité du "Code noir" de 1685 qui est la législation qui s’applique aux noirs des Amériques dans les possessions françaises et aussi le texte complet de la constitution haïtienne de 1801. Même si ce titre est prévu pour les collégiens et les lycéens, il donne des bases et propose des documents écrits d’un très grand intérêt. Pour en savoir plus sur les débuts d’Haïti en tant que colonie française, on lira l’excellent "Bertrand d'Ogeron (1613-1676)" de Jacques Ducoin.

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  Toussaint louverture - Le Napoléon noir

  de Donnadieu, Jean-Louis
  Belin
  ISBN : 9782701164434 ; 71,00 € ; 21/01/2014 ; 248 p. ; Broché

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